♦ Du fleuve au désert – mes réflexions sur le 76e anniversaire d’Israël.


Je suis très heureux de la façon dont ma vie m’a conduit… d’une certaine façon, mon désaccord avec l’identité juive est identique à l’instinct sioniste des débuts. Il m’a fallu du temps pour comprendre que mon antagonisme à l’égard de la judéité était motivé par le juif en moi. C’est Otto Weininger qui m’a appris que ce que vous détestez chez les autres est ce qui vous répugne en vous-même“. [Gilad Atzmon]

[


Ces dix derniers jours, j’ai travaillé en Pologne pour des concerts, des enregistrements et des ateliers. J’aime ce pays. J’ai toujours eu l’impression d’être chez moi dans ce pays : il est beau, il est propre, il a une histoire riche et des perspectives d’avenir. Les gens sont gentils et polis, un peu à l’ancienne. La Pologne, comme d’autres pays d’Europe de l’Est, m’a toujours rappelé ce que mon pays natal aurait voulu être mais n’a jamais été.

Entre deux engagements professionnels, j’ai fait du tourisme dans le pays. En marchant le long du magnifique fleuve de la Vistule, je me suis demandé : “Comment mes ancêtres ont-ils pu adhérer à l’idée folle de se retirer de ce précieux et magnifique pays pour s’installer dans le désert en tant que pionniers sionistes ?”

La vérité, c’est que ceux que l’on appelle les premiers sionistes avaient prévu un désastre. Ils ne pouvaient envisager une fin heureuse pour les Juifs d’Europe de l’Est. Ils étaient le plus souvent d’accord avec l’argument “antisémite” selon lequel la vie de la diaspora juive est profondément troublée. Les premiers sionistes ouvriers reprochaient en fait à l’identité juive de la diaspora d’être non prolétaire. Ils ont fait l’Aliya et prêché l’Aliya. Ils “montaient” dans la promesse d’un nouvel avenir, un univers dans lequel les Juifs devenaient ordinaires et prolétaires. Herzl, lui-même bourgeois juif assimilé, a défini le rêve sioniste en quelques mots : devenir “un peuple comme les autres“.  Les sionistes ouvriers souhaitaient aimer leurs voisins et s’attendaient à être aimés en retour. Ils voulaient se déconfessionnaliser tout en restant juifs. Ils voulaient vraiment l’inaccessible. Cela ne pouvait pas fonctionner ; lorsque vous videz la judéité de l’élection, il ne reste plus rien.

Lorsque mon grand-père s’est embarqué sur le rivage de Tel Aviv en 1936, il était déjà un terroriste dévoué de l’Irgoun. Mon grand-père était un révisionniste de droite. Il a débarqué dans un conflit parce qu’il était lui-même le conflit. Il ne pouvait comprendre son être qu’en termes de bataille. Il a combattu les Britanniques, les Arabes, les sionistes travaillistes, les antisémites, les communistes, bref : tout ce que vous voulez, il l’a combattu.

Pourtant, les débuts d’Israël sont prometteurs. Les nouveaux Hébreux sont amoureux de leur transformation prolétarienne, mais des fissures apparaissent rapidement. La Nakba de 1948 a scellé, en fait, la fin d’Israël. C’est un péché qui ne peut être résolu. Le choc entre les deux peuples ne pouvait que s’aggraver. Les nouveaux Hébreux n’ont pas les affinités culturelles et spirituelles nécessaires à l’harmonie et à la réconciliation. Les Palestiniens, quant à eux, refusaient de disparaître. Leur résistance ne fait que croître.

Les plus intelligents parmi les nouveaux Hébreux ont tout vu depuis le début. Certains pensaient même que le fait de choisir la langue de la Bible comme nouveau moyen de communication pour les Israélites pourrait faire ressortir la brutalité de l’Ancien Testament de la nation renaissante. Les gens qui parlent la langue de Dieu, disaient-ils, pourraient à un moment donné penser qu’ils sont Dieu eux-mêmes. Cela vous rappelle quelque chose ?

Certains Israéliens n’approuvaient pas la Nakba, le nettoyage ethnique des populations indigènes du pays, mais en général, l’État juif nouvellement formé se sentait à l’aise dans le conflit naissant avec les Arabes. Pourquoi ? Parce que l’ADN de survie des Juifs est réglé pour agir dans un environnement  hostile. Si l’ennemi n’était pas là, ils l’inventeraient. C’est tragique, mais cela explique pourquoi il n’y a pas de solution collective à la question juive : ce qui unit les Juifs entre eux les sépare des autres. Certains ont donc réalisé dès les premiers jours d’Israël que le sionisme, qui promettait de “résoudre le problème juif” dans la pratique, ne faisait que le déplacer.

Au cours des 20 à 30 dernières années, tous les Israéliens qui pensaient pouvoir s’assurer une citoyenneté étrangère l’ont fait. Les Israéliens, et en particulier les descendants des pionniers sionistes d’Europe de l’Est, ont pu voir que la fin approchait. Ils ont pu constater que le projet avait échoué. Des centaines de milliers d’Israéliens, y compris des membres de ma famille, se sont procuré un passeport polonais, car la citoyenneté polonaise permet d’obtenir une résidence dans l’UE. Ils sont prêts à repartir à l’aventure.

Un siècle et un quart après le premier congrès sioniste, un peu plus d’un siècle après la déclaration Balfour, 76 ans après la réalisation de la promesse sioniste, tout indique que les Hébreux sont sur le point d’être à nouveau expulsés. Les Israéliens voient leur pays étranglé par un front uni de résistance. Ils voient que leurs ennemis sont tenaces et qu’ils suivent une stratégie. Ils voient que leurs propres dirigeants sont paralysés et divisés. Ils ont bien sûr remarqué que le monde leur tourne le dos, ils voient leur symbole national devenir la nouvelle croix gammée aux yeux de beaucoup.

Il m’a fallu des années pour accepter que l’histoire juive possède une mécanique dynamique fascinante. Contrairement à d’autres chronologies qui présentent un élément d’imprévisibilité, l’histoire juive fonctionne comme une horloge. Les catastrophes se répètent selon des cycles presque mathématiquement exacts. Ces cycles chronologiques sont définis par un sentiment d’impunité et d’orgueil toujours plus grand, qui finit par se heurter à un raz-de-marée soudain de colère. Ces rencontres se produisent toujours à ce moment épique et victorieux où tous les ennemis semblent avoir été vaincus, supprimés, réduits au silence, emprisonnés et où un “âge d’or juif” est officiellement annoncé. C’est à ce moment grandiose qu’un événement du 7 octobre surgit de nulle part, un tsunami de violents ressentiments. Tragiquement, la plupart des Juifs ne peuvent pas comprendre la dynamique vicieuse de leur horloge historique pour la même raison que les rouages à l’intérieur de l’horloge ne comprennent pas le sens de l’horloge.

J’ai compris ce mécanisme temporel de l’horloge en marchant le long de la Vistule et en pensant à la phrase d’Héraclite « On ne se baigne jamais deux fois dans le même fleuve“. Il m’est venu à l’esprit que certaines personnes entrent dans la même rivière, non pas deux ou trois fois, mais à chaque fois, tout au long de leur histoire, dans des cycles chronologiques précis et répétés.

Les historiens nous disent souvent que l’histoire ne se répète jamais. Le philosophe affirme au contraire que l’histoire se répète trop souvent pour une raison évidente. Ses protagonistes sont souvent les mêmes.

Gilad Atzmon, 14 mai 2024

****

Texte original en anglais

From the River to the Desert – my reflections on Israel’s 76 birthday.

In the last 10 days I worked in Poland doing concerts, recordings and workshops. I love this country. This country has always felt like home to me: It is beautiful, it is clean, it has rich history and also the prospect of a future. The people are kind and polite, a little bit old fashion. Poland, like other East European countries, always reminded me what my born country wished to be but never was.

In between work commitments I was touring in the country. Walking along the gorgeous Vistula river bank in Toruń I asked myself, “How had my ancestors bought into the insane idea of withdrawing themselves from this precious beautiful country and move to the desert as Zionist pioneers?”

The truth of the matter is that the so-called Early Zionists anticipated a disaster. They could envisage no happy end for the Jews of East Europe. They most often agreed with the ‘antisemitic’ argument that something is deeply disturbing about Jewish diaspora life. The early labour Zionists actually blamed the diaspora Jewish identity of being non-proletarian. They made Aliya, and preached Aliya. They ‘ascended’ into a promise of a new future, a universe in which Jews are becoming ordinary and proletarians. Herzl, himself an assimilated Jewish bourgeois, defined the Zionist dream in a few words: to become ‘people like all other people.’ The labour Zionists wished to love their neighbours and expected to be loved in return. They wanted to unchonsen themselves but to remain Jews. They really wanted the unattainable. It couldn’t work; when you empty Jewishness out of choseness, there is nothing left.

When my grandfather embarked on the Tel Aviv shore in 1936 he was already a devoted Irgun terrorist. My grandfather was a right wing revisionist. He landed into a conflict because he himself was the conflict. He could only understand his being-ness in terms of a battle. He fought the Brits, the Arabs, the labour Zionists, the antisemites, the communists, in short: you name it, he fought it.

Yet, the beginning of Israel was promising. The new Hebrews were in love with their proletarian transformation but cracks were quick to appear. The 1948 Nakba sealed, in fact, the end of Israel. It was a sin that couldn’t be resolved. The clash between the two people could only deepen. The new Hebrews lacked the necessary cultural and spiritual affinity to harmony and reconciliation. The Palestinians, on their part, refused to disappear. Their resistance only grew.

The clever amongst the new Hebrews saw it all from the beginning. Some even thought that choosing the language of the Bible as the new Israelite means of communication may bring Old Testament brutality out of the reborn nation. People who speak God’s language, they contended, may at one point think that they are God themselves. Ring a bell?

Some Israelis did not approve of the Nakba, the ethnic cleansing of the indigenous people of the land, but in general the newly formed Jewish state felt comfortable with the emerging conflict with the Arabs. Why? Because Jewish survival DNA is tuned to action within an exilic hostile environment. If the enemy wouldn’t be there, they would just invent it. This is indeed tragic but it explains why there is no collective solution to the Jewish question: That which unite the Jews amongst themselves separates them from the others. Some accordingly realised already in the early days of Israel that Zionism that promised ‘to solve the Jewish problem’ in practice, just moved it to a new place.

In the last 20 -30 years every thinking Israeli that could secure himself a foreign citizenship has done so. Israelis and especially the offspring of the East European Zionist pioneers could see that the end is coming. They could see that the project has failed. Hundreds of thousands of Israelis, including my relatives, secured themselves Polish passports as Polish citizenship buys people an EU residency. They are basically ready to wander again.

A century and a quarter after the First Zionist Congress, a little more than a century after the Balfour Declaration, 76 years after the fulfilment of the Zionist promise all indications point that the Hebrews are about to be expelled again. The Israelis see their country being strangled by a united resistance front. They can see that their enemies are fierce and following a strategy. They can see that their own leadership is paralysed and divided. They, of course, noticed that the world is turning its back to them, they see their national symbol becoming the new swastika in the eyes of many.

It took me years to accept that Jewish history has a fascinating mechanical dynamic to it. As opposed to some other people’s chronologies which exhibit an element of unpredictability, Jewish history operates like a clock. The disasters are repeated in almost mathematically accurate cycles. These chronological cycles are defined repeatedly by an ever-growing sense of impunity and hubris that is eventually clashed with a sudden tidal wave of anger all around. These encounters always happen at that epic victorious moment where all enemies seem to be defeated, suppressed , silenced , jailed and a ‘Jewish golden age’ is formally announced. At this grandiose moment, a 7 October event pops out of nowhere, a tsunami of violent resentment. Tragically most Jews cannot understand the vicious dynamic of their historical clock for the same reason that the cogs inside the clock do not understand the meaning of the clock.

I understood this clock temporal mechanism while walking along the Vistula River thinking about Heraclitus’ You Cannot Step Into the Same River Twice. It occurred to me that some people actually step into the same river, not twice or three times but, time after time throughout their entire history in precise repeated chronological cycles.

Historians often tell us that History never repeats itself. The philosopher contends on the contrary, that history too often repeats itself for a very obvious reason. Its protagonists often happen to be the same people.

Source: Gilad Atzmon

♦ Le meurtre de Shirin Abou Akleh n’est pas un acte isolé, mais un crime collectif.


Le 11 mai 2022, la journaliste d’Al-Jazira Shirin Abou Akleh était tuée alors qu’elle couvrait un assaut sur Jénine. L’affaire aurait pu être enterrée, elle n’était ni la première ni la dernière journaliste palestinienne tuée par les forces israéliennes sans que jamais aucun militaire n’ait été poursuivi. D’ailleurs, dans un premier temps, Israël accusa des groupes armés palestiniens, avant finalement de reconnaitre qu’il y avait une « forte possibilité » que son armée soit responsable, mais sans prendre la moindre mesure contre les responsables de ce crime, une impunité qui est la règle dans ce pays.

La popularité régionale et internationale de Shirin, sa double nationalité palestinienne et étasunienne, ont rendu un peu plus difficile l’enterrement de ce forfait. D’autant qu’une enquête de CNN concluait, avec de nouvelles images, qu’il s’agissait d’une attaque délibérée. En novembre 2022, le FBI ouvrait une enquête, dénoncée par Tel-Aviv, mais elle est au point mort. Pourtant, un nouveau rapport du coordinateur étasunien pour Israël et l’autorité palestinienne semble confirmer le caractère délibéré de l’assassinat de Shireen ; pour l’instant, l’administration Biden refuse de le transmettre au Congrès avant de l’avoir « édité ».

Nous republions ci-dessous notre éditorial du 16 mai 2022 « Obscénités israéliennes, complicités occidentales et arabes » sur ce crime et sur l’impunité d’Israël rendue possible par la complicité américaine, européenne – notamment française –, et arabe.

Obscène.

C’est le premier qualificatif qui vient à l’esprit avec les images des funérailles de la journaliste palestinienne Shirin Abou Akleh assassinée le mercredi 11 mai 2022 par l’armée israélienne. Des policiers prennent d’assaut son cercueil qui manque d’être renversé, matraquent les manifestants, lancent des grenades assourdissantes et arrachent des drapeaux palestiniens. Cette action, au-delà même de tout jugement politique, porte atteinte au plus profond de la dignité humaine, viole un principe sacré qui remonte à la nuit des temps : le droit d’être enterré dans la dignité, que résume le mythe d’Antigone. Celle-ci lance au roi Créon, qui refuse une sépulture à son frère et dont elle a violé les ordres :

“ Je ne croyais pas tes proclamations assez fortes pour que les lois des dieux, non écrites et toujours sûres, puissent être surpassées par un simple mortel. ”

Israël ne tente nullement de cacher ses actions, car il ne les considère pas comme obscènes. Il agit au grand jour, avec cette chutzpah, cette arrogance, ce sentiment colonial de supériorité qui caractérise non seulement la majorité de la classe politique israélienne, mais aussi une grande partie des médias, alignés sur le récit que propagent les porte-paroles de l’armée. Itamar Ben-Gvir a beau être un député fasciste – comme le sont, certes avec des nuances différentes, bien des membres du gouvernement actuel ou de l’opposition –, il exprime un sentiment partagé en Israël en écrivant :

“ Quand les terroristes tirent sur nos soldats à Jénine, ils doivent riposter avec toute la force nécessaire, même quand des “journalistes” d’Al-Jazira sont présents dans la zone au milieu de la bataille pour perturber nos soldats. ”

Sa phrase confirme que l’assassinat de Shirin Abou Akleh n’est pas un accident, mais le résultat d’une politique délibérée, systématique, réfléchie. Sinon, comment expliquer que jamais aucun des journalistes israéliens qui couvrent les mêmes événements n’a été tué, alors que, selon Reporters sans frontières (RSF), 35 de leurs confrères palestiniens ont été éliminés depuis 2001, la plupart du temps des photographes et des cameramen.

— les plus « dangereux » puisqu’ils racontent en images ce qui se passe sur le terrain ? Cette asymétrie n’est qu’une des multiples facettes de l’apartheid à l’œuvre en Israël-Palestine si bien décrit par Amnesty International : selon que vous serez occupant ou occupé, les « jugements » israéliens vous rendront blancs ou noirs pour paraphraser La Fontaine, la sentence étant le plus souvent la peine de mort pour le plus faible.

Le criminel peut-il enquêter sur le crime qu’il a commis ?

Pour une fois, le meurtre de Shirin Abou Akleh a suscité un peu plus de réactions internationales officielles que d’habitude. Sa notoriété, le fait qu’elle soit citoyenne des EU et de confession chrétienne y ont contribué. Le Conseil de sécurité des Nations unies a même adopté une résolution condamnant le crime et demandant une enquête « immédiate, approfondie, transparente et impartiale », sans toutefois aller jusqu’à exiger qu’elle soit internationale, ce à quoi Israël se refuse toujours. Or, peut-on associer ceux qui sont responsables du crime à la conduite des investigations ? Depuis des années, les organisations de défense des droits humains israéliennes comme B’Tselem, ou internationales comme Amnesty International ou Human Rights Watch (HWR) ont documenté la manière dont les « enquêtes » de l’armée n’aboutissent pratiquement jamais.

Ces protestations officielles seront-elles suivies d’effet ? On peut déjà répondre par la négative. Il n’y aura pas d’enquête internationale, car ni l’Occident ni les pays arabes qui ont normalisé leurs relations avec Israël ne sont prêts à aller au-delà des dénonciations verbales qui n’égratignent personne. Ni de reconnaitre ce que l’histoire récente pourtant confirme, à savoir que chaque concession faite à Israël, loin de susciter la « modération » de Tel-Aviv, encourage colonisation et répression. Qui se souvient que les Émirats arabes unis (EAU) affirmaient que l’ouverture d’une ambassade de Tel-Aviv à Abou Dhabi permettrait d’infléchir la politique israélienne ? Et la complaisance de Washington ou de l’Union européenne (UE) pour le gouvernement israélien, « notre allié dans la guerre contre le terrorisme » a-t-elle amené ne serait-ce qu’un ralentissement de la colonisation des territoires occupés que pourtant ils font mine de condamner ?

La Cour suprême entérine l’occupation

Deux faits récents viennent de confirmer l’indifférence totale du pouvoir israélien aux « remontrances » de ses amis. La Cour suprême israélienne a validé le plus grand déplacement de population depuis 1967, l’expulsion de plus de 1 000 Palestiniens vivant dans huit villages au sud d’Hébron, écrivant, toute honte bue, que la loi israélienne est au-dessus du droit international. Trop occupés à punir la Russie, les Occidentaux n’ont pas réagi. Et le jour même des obsèques de Shirin Abou Akleh, le gouvernement israélien a annoncé la construction de 4 400 nouveaux logements dans les colonies de Cisjordanie. Pourquoi se restreindrait-il alors qu’il sait qu’il ne risque aucune sanction, les condamnations, quand elles ont lieu, finissant dans les poubelles du ministère israélien des affaires étrangères, et étant compensées par le rappel permanent au soutien à Israël. Un soutien réitéré en mai 2022 par Emmanuel Macron qui s’est engagé à renforcer avec ce pays « la coopération sur tous les plans, y compris au niveau européen […]. La sécurité d’Israël est au cœur de notre partenariat. » Il a même loué les efforts d’Israël « pour éviter une escalade » à Jérusalem.

Ce qui se déroule en Terre sainte depuis des décennies n’est ni un épisode de « la guerre contre le terrorisme » ni un « affrontement » entre deux parties égales comme le laissent entendre certains titres des médias, et certains commentateurs. Les Palestiniens ne sont pas attaqués par des extraterrestres comme pourrait le faire croire la réaction du ministre des affaires étrangères français Jean-Yves Le Drian Sur son compte officiel twitter : « Je suis profondément choqué et consterné face aux violences inacceptables qui ont empêché le cortège funéraire de Mme Shireen Abou Akleh de se dérouler dans la paix et la dignité. »

Quant à tous les donneurs de leçons qui reprochent aux Palestiniens l’usage de la violence, bien plus limité pourtant que celui des Israéliens, rappelons ce qu’écrivait Nelson Mandela, devenu une icône embaumée pour nombre de commentateurs alors qu’il était un révolutionnaire menant la lutte armée pour la fin du régime de l’apartheid dont Israël est resté jusqu’au bout l’un des plus fidèles alliés :

“ C’est toujours l’oppresseur, non l’opprimé qui détermine la forme de la lutte. Si l’oppresseur utilise la violence, l’opprimé n’aura d’autre choix que de répondre par la violence. Dans notre cas, ce n’était qu’une forme de légitime défense. ”

On ne connaitra sans doute jamais l’identité du soldat israélien qui a appuyé sur la gâchette et tué la journaliste palestinienne. Mais ce que l’on sait déjà, c’est que la chaine des complicités est longue. Si elle prend sa source à Tel-Aviv, elle s’étire à Washington, se faufile à Abou Dhabi et à Rabat, se glisse à Paris et à Bruxelles. Le meurtre de Shirin Abou Akleh n’est pas un acte isolé, mais un crime collectif.

Alain GRESH

»»https://orientxxi.info/magazine/un-an-apres-l-impunite-pour-le-crime-d…

URL de cet article 39582
https://www.legrandsoir.info/le-meurtre-de-shirin-abou-akleh-n-est-pas-un-acte-isole-mais-un-crime-collectif.html

♦ ALGERIE – MASSACRES DU 8 MAI 1945 : Cette étincelle de la Révolution


Après ces massacres, les nationalistes algériens avaient compris que seul le recours aux armes allait permettre à l’Algérie d’accéder à son indépendance

Les massacres du 8 mai 1945 ont mis à mort la solution politique et les Algériens sur la voie de l’indépendance.

Au début des années 1940, l’échec des associationnistes était une réalité et le PPA, évoluant dans la clandestinité, avait un impact très marginal sur la situation politique dans le pays. Avec le débarquement des Alliés en Afrique du Nord, le 8 novembre 1942, et le discours de Robert Murphy et d’Eliot Roosevelt sur « la fin des empires coloniaux », une nouvelle dynamique s’est mise en branle. Dans ce sillage, Ferhat Abbas, le Parti du peuple algérien [PPA], l’association des Oulémas, ont rendu publique, le 10 février 1943, le Manifeste du peuple algérien qui fait sienne la Charte de l’Atlantique du 12 août 1942, qui prêche le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes. Le Manifeste a rencontré un grand succès auprès des populations algériennes. Et a, par conséquent, donné naissance à un mouvement politique structuré et structurant portant la dénomination des Amis du Manifeste et de la Liberté (AML).Selon Ahmed Mahsas, dans son livre Le mouvement révolutionnaire en Algérie de la Première Guerre mondiale à 1954, Essai sur la formation du Mouvement national, « encouragés par l’extension des AML, les Algériens longtemps réduits au silence et à la sujétion par le système colonial, changeaient de comportement et levaient la tête […] Le nouveau comportement des Algériens se manifestait par le rejet de toute mesure d’humiliation et par la défense de leur dignité. Il suscita la crainte dans les milieux colonialistes et exacerba la haine de « l’Arabe », naguère traité par le mépris. La tension entre le peuple algérien d’un côté, l’administration et les Européens de l’autre, régna sur l’étendue de tout le territoire algérien ». Cette nouvelle donne va, dans un premier temps, désaliéner les Algériens en leur permettant d’imaginer un avenir en dehors des logiques coloniales et, dans un deuxième temps, formuler une revendication politique cohérente avec leurs conditions d’alors et profondément révélatrice de leurs aspirations les plus intimes : l’autodétermination. Face à cette radicalisation, l’administration coloniale a réagi en procédant à l’arrestation de plusieurs militants des AML et à la déportation, le 25 avril 1945, au Congo du leader nationaliste, Messali Hadj, qui était déjà en résidence surveillée.

Le 1er Mai 1945, pour protester contre la déportation de Messali Hadj, les militants du PPA ont organisé des manifestations en brandissant des slogans nationalistes, mais celles-ci ont été réprimées par les autorités coloniales et, dans ce sillage, plusieurs arrestations ont été effectuées. Néanmoins, malgré la violence de la répression, les nationalistes ont voulu maintenir la pression en participant aux manifestations célébrant la victoire contre le nazisme, des drapeaux algériens dans les mains, comme proposé par Chawki Mostefai, dirigeant du PPA. « Pour profiter au maximum du retentissement médiatique, à l’échelle mondiale de la victoire des pays de la Charte de l’Atlantique, l’Algérie devait fêter sa victoire en tant que peuple, en tant que nation opprimée, indépendamment de la France et de ses institutions, en arborant tout haut l’Emblème de sa propre souveraineté. C’est ainsi que nous décidâmes, au sein du Comité directeur, de défiler le jour des manifestations de la victoire, en arborant le drapeau de l’Etoile Nord-Africaine et P.P.A en tête des cortèges » a déclaré M.Mostefai en effet, cité par Benyoucef Benkhedda dans son livre Les origines du 1er Novembre 1954. Ainsi, conformément aux instructions des AML, dirigé alors par Ferhat Abbas, les Algériens sont sortis par milliers dans plusieurs régions du pays. A l’Est, où le massacre du 8 mai sera fait, des dizaines de milliers de personnes ont investi les rues.

A Sétif, dès 8h, les Algériens chantaient l’hymne du PPA Min Djibalina (De nos montagnes), tout en défilant avec des drapeaux des pays alliés vainqueurs. Mais, très vite, les mots d’ordre du Mouvement national jaillirent : « Libérez Messali », « Nous voulons être vos égaux » ou « À bas le colonialisme » étaient autant de slogans brandis par les manifestants. Spontanément. Mais c’est quand Aïssa Chéraga, chef d’une patrouille de Scouts musulmans, arbore le drapeau algérien au milieu de pancartes où on pouvait lire « Vive l’Algérie libre et indépendante » que la situation a dégénéré. Devant le Café de France, en effet, le commissaire Olivieri tente de s’emparer du drapeau, vainement. Des Européens, en marge de la manifestation, assistant à la scène, se précipitent dans la foule. Un jeune homme de 26 ans, Bouzid Saâl, porte le drapeau algérien mais il est abattu par un policier. Immédiatement, des tirs provenant de policiers provoquent la panique. Les manifestants en colère s’en prennent aux Français et font en quelques heures 28 morts chez les Européens, dont le maire qui avait essayé de s’interposer et 48 blessés. Les dés furent jetés. Le mouvement s’étend très rapidement et gagne Kherrata et Guelma.

Le sous-préfet Achiary de cette dernière localité, un ancien résistant, fait tirer sur les manifestants. Le massacre commence. Bilan : à Sétif, la manifestation a tourné, après l’intervention des forces de police, à l’émeute qui se propagea dans la région entre Sétif et Béjaïa, en particulier dans la région de Kherrata. Selon Rey Goldzeiguer, « la répression des insurgés fut assurée par l’armée et de façon secondaire par des civils. Elle fit plusieurs milliers de morts ». À Guelma, entre 1 500 et 2 000 Algériens ont été massacrés. Bien que passé à la postérité sous la dénomination de « massacre du 8 mai 1945 », ce carnage aura duré plusieurs jours et ne prendra fin officiellement qu’à la fin mai. Le 12 mai 1945 en effet, le général de Gaulle a ordonné au gouvernement général, rapporte Mahfoud Kaddache dans son livre Histoire du nationalisme algérien, « d’afficher publiquement la volonté de la France victorieuse de ne laisser porter aucune atteinte à la souveraineté française en Algérie » et de « prendre toutes les mesures nécessaires pour réprimer tous agissements antifrançais d’une minorité d’agitateurs ». Pire, écrit également Mahfoud Kaddache dans son livre, « une cérémonie dédiée à l’humiliation des Algériens a été organisée le 25 mai 1945, durant laquelle 5 000 fellahs du Sétifois furent contraints de se mettre à genoux, de demander pardon, de crier ’Vive la France’’, et de se prosterner devant le drapeau français en disant : « Nous sommes des chiens et Ferhat Abbas est un chien. »

Ce massacre allait, dans l’esprit de la France coloniale, mettre à mort le Mouvement nationaliste algérien et saboter à jamais l’élan indépendantiste qui commençait à se socialiser aussi bien parmi les élites que parmi la paysannerie. C’est l’effet inverse qui fut produit. En effet, les nationalistes algériens qui privilégiaient jusque-là la solution politique avaient compris que seul le recours aux armes allait permettre à l’Algérie d’accéder à son indépendance. C’est dire que, finalement, c’est « la solution politique » qui avait été mise à mort par la France et non pas l’idée d’indépendance. C’est d’ailleurs l’onde de choc produite par ce massacre qui allait pousser le PPA à mettre en place, en 1947, l’Organisation spéciale pour commencer à préparer sérieusement l’insurrection armée. Le massacre du 8 mai 1945 a aidé les Algériens à comprendre que, comme disait Frantz Fanon dans Les Damnés de la terre, « l’ennemi ne cède que le couteau sur la gorge ». Et cette leçon, très bien théorisée par l’auteur de Peau noire, masque blanc dans l’ensemble de son oeuvre, a été très bien retenue. L’examen décisif du 1er Novembre 1954 en a d’ailleurs donné toute la signification. Cette date continuera donc à représenter un moment fort dans l’histoire de l’Algérie en mouvement vers la rencontre d’elle-même. A ce titre, elle constitue une halte au cours de laquelle il est vital de s’interroger sur le passé de l’Algérie, notamment en engageant des recherches sérieuses sur les différents moments-repères qui ont jalonné son histoire.

Amar INGRACHEN

»»http://www.lexpressiondz.com/actualite/241102-cette-etincelle-de-la-re…

URL de cet article 30329
https://www.legrandsoir.info/algerie-massacres-du-8-mai-1945-cette-etincelle-de-la-revolution.html

♦ Israël : une discrète déconfiture ?


Depuis le 7 octobre, les données de l’Autorité de la population et de l’immigration révèlent qu’environ 370 000 Israéliens ont quitté le pays, la dernière mise à jour s’étendant jusqu’à fin novembre. Selon les statistiques, les Israéliens cherchent de plus en plus refuge à l’étranger, notamment en Europe, avec un intérêt croissant pour l’achat de biens immobiliers dans plusieurs pays européens.Le journal économique israélien The Marker a souligné que les familles israéliennes manifestent un vif intérêt pour l’achat de biens immobiliers et de maisons à l’étranger depuis le 7 octobre. Fin octobre, environ 230 309 Israéliens ont immigré, tandis que 139 839 supplémentaires sont partis en novembre, selon les données et en tandem avec le ministère israélien de l’Intérieur, a rapporté Jo24.Parallèlement, les estimations du site Internet « Zaman Yisrael » suggèrent que ce chiffre pourrait être plus élevé, avec des rapports indiquant que plus de 500 000 Israéliens ont quitté le pays, dépassant le nombre de rapatriés et de nouveaux immigrants. Le site Internet anticipe une potentielle augmentation des départs, notamment parmi les Israéliens qui résidaient déjà à l’étranger ou voyageaient pendant les fêtes juives de septembre.

Israël : une discrète déconfiture ? | Le Saker Francophone

https://lesakerfrancophone.fr/israel-une-discrete-deconfiture

♦ Le plan américain pour l’éradication des camps de réfugiés palestiniens dans les pays limitrophes d’Israël


1 – Du transfert des populations comme mode de règlement des conflits

La volonté d’Israël d’expulser les Palestiniens de Gaza, à la suite de l’opération “Déluge d’Al Aqsa”, en octobre 2023, vers le Sinaï égyptien, en vue d’en faire une “patrie de substitution” à la Palestine remet en mémoire la politique constante des États-Unis d’extirper toute présence palestinienne des pays périphériques de l’État Hébreu afin d’éradiquer le vivier du militantisme palestinien des pays du pourtour.

Avec en perspective la fermeture définitive de l’UNRWA, l’Office de Secours des Nations Unies pour les Réfugiés Palestiniens, que les Etats Unis et Israël accusent de “renforcer le statut de réfugiés des Palestiniens, l’un des problèmes qui font que le conflit [israélo-palestinien] s’éternise». Les deux pays accusent notamment l’UNRWA de maintenir l’idée — à laquelle ils s’opposent — que de nombreux Palestiniens sont des réfugiés dotés du droit au retour sur les terres qu’ils ont fuies ou dont ils furent chassés lors de la création d’Israël, en 1948.

Benyamin Netanyahou souhaite le démanteler, considérant que l’UNRWA avait pour objectif de perpétuer «le narratif du soi-disant droit au retour, dont l’objectif réel est la destruction de l’État d’Israël». Le premier ministre israélien  a précisé que son objectif stratégique était de «reléguer aux oubliettes» la question du droit au retour des Palestiniens.

Un plan similaire a été conçu par les États-Unis au Liban et confirme la permanence d’une politique constante des États-Unis de provoquer le transfert de population comme mode de règlement de conflits. Il en est de même d‘Israël, de transférer les palestiniens de Gaza vers la région sunnite d’ Al Anbar, en Irak, afin d’y contrebalancer la prépondérance chiite.

Sur ce lien, la proposition israélienne ce transférer les palestiniens de Gaza vers Al Anbar, en Irak:

2 – Vers le démantèlement du camp palestinien d’Ain el Hélwé, dans la banlieue de Saida, au sud liban.

Bachir Gemayel, le chef militaire des milices phalangistes (droite chrétienne libanaise), avait projeté d’éradiquer les camps de réfugiés palestiniens de Sabra Chatila, dans la banlieue sud de Beyrouth, pour en faire de terrains de golf et extirper ainsi cet îlot de misère du regard des riches touristes étrangers.

Il y renonça en raison du coût humain de cette opération non pour les palestiniens mais pour ses propres troupes en ce que sa réalisation impliquait l’invasion de Beyrouth ouest et de Beyrouth sud, deux secteurs de la capitale libanaise, tenus à l’époque de la guerre civile libanaise par les ennemis des phalangistes, la coalition palestino-progressiste.

Bachir Gemayel compensera cette renonciation en procédant à l’épuration ethnique du réduit chrétien du Liban de toute présence palestinienne (La Quarantaine, Tall el Zaatar etc..). Élu à l’ombre des chars israéliens à la présidence de la république libanaise, il paiera le prix de son équipée sanguinaire en étant assassiné à la veille de sa prise de pouvoir, en septembre 1982, glanant au passage le titre de «président éphémère du Liban».

Ses lieutenants voudront venger leur chef en s’acharnant sur le camp de Sabra Chatila, un massacre collectif de sang froid, digne du massacre de l’armée nazie à Oradour sur Glane, selon l’expression du président socialiste français François Mitterrand, qui frappera d’infamie et l’armée israélienne et ses collaborateurs phalangistes libanais.

Pour aller plus loin sur ce thème, cf ce lien:

L’invasion israélienne du Liban, en 1982 a entrainé le démantèlement du sanctuaire palestinien de Beyrouth et son transfert à Tunis, à 3.000 kms d’Israël. Trente ans après, au début de la séquence dite du «printemps arabe», les Américains ont repris l’idée à l’échelle régionale, projetant d’éradiquer les camps de réfugiés non seulement du Liban mais de l’ensemble des pays limitrophes d’Israël, notamment la Syrie et le Liban.

Les camps palestiniens d’Irak avaient été démantelés lors de l’invasion américaine de l’Irak, en 2003, et la population palestinienne expatriée vers l’Amérique latine. L’Amérique du Sud abrite désormais la plus importante diaspora palestinienne hors du Monde arabe, où vivent 550.000 Palestiniens environ, particulièrement au Chili, qui abrite 300.000 chiliens d’origine palestinienne, suivi du Brésil (70.000 personnes) et du Pérou.

1- Le camp de Ain Al Helwé

Ain al-Helwé, signifiant littéralement «source d’eau douce», est le plus grand des 12 camps de réfugiés palestiniens au Liban qui héberge 225.125 réfugiés dans les camps suivants: Borj el Brajneh, Sabra-Chatila,  Mar Elias et Dbayeh (banlieue de Beyrouth), Ain Al Helwé, et Miyeh Miyeh (Banlieue de Saïda), Nahr Al Bared et Beddawi (Banlieue de Tripoli), Bourj Al Chémali et Rachidieh (Banlieue de Tyr) ainsi qu’Al Buss et Wavel.  Cinq camps ont été détruits, la Quarantaine, Tall el Zaatar, Dekwaneh, Jisr el-Bash (banlieue de Beyrouth à à la faveur de la guerre civile libanaise (1975-1990) et Nabatieh (sud Liban).

Sur la relation libano-palestinienne, cf ce lien

Ain el Helwé avait, au départ, une population de plus de 70 000 réfugiés palestiniens, mais  ce chiffre a gonflé jusqu’à atteindre de 120 000 individus en raison de l’afflux de réfugiés en provenance de Syrie depuis 2011. S’y entassent aussi des islamistes radicaux et des personnes recherchées par la justice. Les conditions dans le camp ont été exacerbées par cet afflux massif de Syriens et de Palestiniens. Le camp a été soupçonné alors d’être une destination populaire pour les djihadistes rebelles fuyant la Syrie voisine, en particulier après que l’armée syrienne, en tandem  avec le Hezbollah, a repris le contrôle de Yabroud.

Transformé en microcosme de la société fragmentée arabe en pleine désespérance et errance tant libanaise, que syrienne que palestinienne, et vivier tant du militantisme que du terrorisme, le camp d’Ain el Helwé fait l’objet d’une attention particulière des services occidentaux, voire même d’un grenouillage de la part de ses ONG ou des services de relations publiques britanniques.

Sur la problématique du camp d’Ain el Helwé dans le contexte libanais, cf ce lien:

Un fait notable: le grenouillage des services occidentaux dans les camps palestiniens a été infiniment supérieur et intense que l’activisme déployé dans ces camps par Mohamad Dahlan, le dirigeant palestinien dissident rival de Mahmoud Abbas, président de l’Autorité Palestinienne et financé par Abou Dhabi, souligne le rapport.

«Ce grenouillage pourrait expliquer les changements intervenus dans l’opinion de la population des camps palestiniens: Dans la décennie 1970, les camps palestiniens du Liban constituaient un vivier du militantisme révolutionnaire, un réservoir de fedayines, le levier d’un changement social au Liban. De nos jours, les camps palestiniens sont engagés dans ses conflits confessionnels sectaires, sans rapport avec leur objectif majeur: La Libération de la Palestine

Le quotidien libanais «Al Akhbar» qui s’est distingué par une série de révélations sur la rivalité entre l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis à propos de la guerre du Yémen de même que sur le financement de la presse libanaise par les pétromonarchies, a publié en date du 18 septembre 2023 le rapport d’une ambassade arabe accréditée à Beyrouth sur le projet de transfert  de la population du camp de réfugiés palestiniens d’Ain el Helwé et le démantèlement corrélative de ce qui est considéré désormais comme l’un des points d’impulsion de la nouvelle intifada anti israélienne en Cisjordanie.

3- L’injonction américaine au Liban: Cessez d’invoquer la résolution 194 des Nations Unies

Ci joint le récit d’Al Akhbar se fondant sur un document d’une ambassade arabe à Beyrouth, dont le journal ne relève pas l’identité: «Au début de la séquence dite du «printemps arabe», l’UNRWA, l’Office de secours des Nations Unies pour les réfugiés palestiniens fondé en 1948 par l’ONU, a commencé à réduire ses prestations aux réfugiés palestiniens, cédant la place aux ONG occidentales.

Ce remplacement a eu pour effet d’inciter les Palestiniens bénéficiaires des prestations de l’UNRWA à solliciter des visas d’émigration vers les pays donateurs.

«Durant cette période, une réunion de travail s’est tenue à Amman en présence de Mme Dorothy C. Shea, ambassadeur des États-Unis au Liban depuis 2020 et de représentants du Liban en sa qualité de pays d’accueil des Palestiniens. Lors de cette réunion d’Amman, le représentant américain a intimé au délégué libanais l’ordre de cesser d’invoquer dans les débats la référence à la résolution 194 des Nations Unies, concernant les réfugiés palestiniens.

«Il ne reste plus que 200.000 réfugiés palestiniens au Liban, dont certains souhaitent émigrer vers les pays occidentaux et d’autres migrant vers Gaza. Il incombe au Liban d’assimiler le reliquat des réfugiés et de les dégager des camps palestiniens en vue de les intégrer au tissu urbain des villes libanaises, tant sur le plan social qu’économique, en levant l’interdit qui frappe les Palestiniens concernant leurs activités économiques; de leur délivrer un permis de séjour permanent en prévision de leur naturalisation», a ordonné le délégué américain.

La résolution 194 de l’Assemblée générale des Nations Unies a été adoptée le 111 décembre 1048. Elle reconnaît dans son article 11 «Le droit au retour des réfugiés Palestiniens».

L’argumentaire américain vise en fait à rendre obsolète l’une des revendications majeures des Palestiniens «le droit au retour en Palestine», en même temps qu’il permet, face aux chiites, la communauté la plus importante numériquement parlant au Liban, la valorisation démographique des sunnites libanais, en ce que la quasi totalité des palestiniens sont de confession sunnite.

Mais un tel apport sunnite pourrait, par contrecoup, réduire à sa portion congrue la présence chrétienne au Liban, particulièrement maronite, et pourrait poser à terme la question de la répartition des pouvoirs au sein de ce pays régi par le système confessionnel.

Face à une telle perspective, il est à craindre que les Chrétiens du Monde arabe  paient une fois de plus le prix des jongleries occidentales et apparaissent une nouvelle fois comme le dindon de la farce des turpitudes de leurs supposés protecteurs.

Sur ce lien, les effets négatifs de la politique occidentale sur les chrétiens arabes

L’évolution du conflit syrien, notamment la destruction du grand camp palestinien de Yarmouk, dans la banlieue de Damas, a entravé la mise en route de ce plan visant à éradiquer la présence de refugiés palestiniens dans les pays limitrophes d’Israël, alors que, parallèlement la présence grandissante des forces hostiles à l’hégémonie israélo-américiaine dans la zone a galvanisé la lutte armée palestinienne tant à Gaza qu’en Cisjordanie, incitant les américains a accéléré la réalisation de leur projet.

3- La visite du commandant en chef du Centcom, le général Joseph L. Votel dans le périmètre du camp d’Ain el Helwé.

Dans les extraits du rapport «Top secret», publié par «Al Akhbar», l’ambassade arabe précise les faits suivants: «Les Américains se livrent depuis quelque temps à des préparatifs en vue d’éradiquer le camp d’Ain el Helwé. Des officiers américains ont été dépêchés au Liban à cet effet.

«Les accrochages répétés entre Fatah, principal mouvement de l’OLP, et des groupements animés d’une idéologie extrémiste ne sont pas sans rapport avec les agissements des militaires américains venus dans le plus grand secret dans la zone surplombant le camp.

«En 2018, trois délégations du CENTCOM ont visité la zone, notamment une délégation conduite par le Général Joseph L. Votel, le commandant en chef du CENTCOM (2016-2018) en personne. La visite du général Votel avait été précédée par celle de son adjoint, le général Charles Brown, en septembre 2017.

A- Étonnement du commandement militaire libanais devant la requête  américaine

Le commandement en chef de l’armée libanaise a fait part de son étonnement à la réception de la requête américaine, considérant une visite de reconnaissance d’un camp palestinien ne devrait pas constituer une priorité du commandant en chef du CENTCOM, mais relevait plutôt de la compétence d’un de ses subordonnés hiérarchiques.

Finalement, la hiérarchie militaire libanaise a fait droit aux requêtes américaines et les services de renseignements  de l’armée libanaise ont fourni les précisions réclamées par leurs homologues américains.

B- Les demandes de précision américaines  concernant le camp d’Ain El Helwé.

Parmi les nombreuses questions posées par les américains figuraient les suivantes:

  • Le positionnement du camp sur le plan géographique, l’identité politique des formations palestiniennes présentes dans le camp ainsi que le nombre de leurs combattants et leur déploiement. L’attention des américains s’est portée plus particulièrement sur le groupe Ansarallah, dirigé par Jamal Sleimane, et d’autres groupes islamistes.
  • Le nombre de réfugiés palestiniens ayant afflué de Syrie
  • Le dispositif mis en place par l’armée libanaise autour du camp.
  • L’état d’avancement des travaux de construction d’un mur de sécurité autour du camp.

C- La construction d’un mur de sécurité de 9 mètres autour du camp d’Ain el Helwé.

A cette occasion, les officiers américains ont inspecté l’état d’avancement de la construction  d’un mur de sécurité de 6 mètres autour du camp palestinien. Un mur surmonté de miradors, portant la hauteur totale du mur à 9 mètres.

Fait insolite, les Américains ont mandaté les officiers libanais de recommander aux organisations palestiniennes présentes dans l’enceinte du camp de  s’abstenir de désigner ce mur de sécurité de  »barrière de sécurité», proposant le vocable plus anodin  de «barrière de protection»,  sans doute pour éviter que dans l’opinion publique une telle barrière ne soit assimilée au «Mur d’apartheid israélien», construit en 2002 sur 9 mètres de haut,  et qui sépare Israël de la Cisjordanie.

En septembre 2018, lors d’une nouvelle visite d’une délégation du CENTCOM au Liban, les officiers américains ont demandé à leurs collègues libanais d’agrandir le périmètre du camp en y adjoignant les vergers le jouxtant. Une zone qui servait de terrain d’entrainement à la formation islamiste «Isbat Al Ansar» ( la Ligue des partisans).

Isbat Al Ansar a été accusé de s’être livré à des assassinats extrajudiciaires, notamment la liquidation de quatre magistrats libanais sur le seuil du palais de justice de Saida.

La justice militaire libanaise a ainsi condamné, le 26 septembre 2023, à 160 ans de prison Imad Yassine, Chef de Daech à Ain el Helwé, ancien membre d’Esbat Al Ansar, pour avoir projeté d’assassiner M. Walid Joumblatt, chef du druze du Parti Socialiste Progressiste,  ainsi que le dynamitage des centrales électriques du Jiyeh (sud Liban) et de Dekwaneh (nord de Beyrouth), dans une opération de déstabilisation du Liban en vue d’attiser une nouvelle guerre confessionnelle.

Depuis cette arrestation, les relations entre l’armée libanaise et Esbat Al Ansar ont, depuis lors, pris une tournure plus positive depuis que cette formation ultra radicale a veillé à préserver les débordements des groupements islamistes moins importants.

Maillon intermédiaire entre l’Otan (atlantique) et l’Otase (Asie pacifique), le United States Central Command ou CENTCOM (littéralement «Commandement central des États-Unis») est l’un des onze «Unified combatant Commands» dépendant, depuis le 1er janvier 1983, du département de la défense des Etats Unis. Il est responsable des opérations militaires des États-Unis au Moyen-Orient, en Asie centrale et en Asie du Sud.

Contrairement à d’autres «Unified combatant Command”, le quartier général du CENTCOM ne se trouve pas dans son aire d’opération. Il se trouve à Macdill Air Force Base, à Tampa (Floride) même si un quartier général avancé pouvant abriter jusqu’à 10.000 personnes se trouve depuis 2003 sur la base aérienne de Al Udeid au Qatar.

Parmi les principaux dirigeants du CENTCOM figurent le général Norman Schwarzkopf, le général David Petraeus, le général Tommy Franks, le général Anthony Zinni, l’amiral William Fallon, le général John Abizaid et  le général Lloyd Austin, secrétaire à la défense de l’administration  démocrate de Joe Biden.

4- La visite de Majed Farah au Liban, en juillet 2023

Majed Farah, chef des services de renseignements de l’Autorité palestinienne, a effectué une visite au Liban en juillet 2023, à l’issue de laquelle de violents combats ont éclaté au camp d’Ain el Helwé. La simultanéité de la visite au Liban du responsable du renseignement palestinien avec le déclenchement des hostilités inter-palestiniennes à Ain El Helwé a accrédité l’idée d’une possible coordination entre l’Autorité Palestinienne et les Américains en vue de favoriser la destruction du camp.

Le rapport de l’ambassade arabe souligne que la construction d’un mur de sécurité s’est faite à la demande des Américains et avec un luxe de précaution, se référant à des sources au sein des services de sécurité, il pose la question de savoir si «un état arabe, en concertation avec les États-Unis, n’a pas favorisé le  retour des djihadistes de Syrie afin de qualifier le camp d’Ain El Helwé de «fief terroriste».

Parallèlement à la construction du mur, des facilités ont été accordées aux habitants palestiniens du camp en vue de favoriser leur émigration vers l’Europe, particulièrement les pays scandinaves.

Le rapport estime que la construction du mur répond aux objectifs suivants:

  • Isoler le camp de son environnement de manière à circonscrire les violences au périmètre du camp et éviter leur débordement vers Saida.
  • Compliquer l’accès au camp de la part des groupements terroristes. Les Américains ayant fait valoir à cette occasion qu’ils étaient en possession d’informations selon lesquelles le camp abritait 580  terroristes venus de Syrie, notamment des Saoudiens, des Palestiniens, des Syriens et des Libanais.

Les Américains ont pris soin de masquer les vrais objectifs de l’encerclement du camp d’Ain El Helwé. A savoir: imposer une situation de fait au Liban pour le contraindre à intégrer une fraction de la population palestinienne et dégager le reliquat hors du Liban, soit vers l’Amérique latine soit vers les pays scandinaves.

In fine, le rapport diplomatique arabe se fait l’écho des craintes des services de sécurité libanaises sur une recrudescence des violences dans le camp, «à l’initiative de pays arabes et des Etats Unis en vue d’exacerber la situation des réfugiés palestiniens et de les forcer à l’exil. Une opération menée en concertation avec Israël», conclut le rapport.

Pour le locuteur arabophone, ci joint le rapport publié par Al Akhbar

Pour mémoire, le Qatar, parrain de la confrérie des Frères Musulmans, a été le chef de file de la coalition islamo-occidentale dans la première phase de la guerre de Syrie (2011-2014), réussissant l’exploit de détourner le Hamas, la branche palestinienne des Frères Musulmans de son alliance avec la Syrie, offrant l’hospitalité à Khaled Mecha’al, chef politique du mouvement islamiste palestinien.

Depuis la destitution de l’Émir Hamad Ben Khalifa al Thani et son remplacement par son fils, Tamim, le Qatar est devenue la roue dentée de la diplomatie américaine dans la zone, organisant un pont aérien pour l’évacuation des ressortissants occidentaux de Kaboul à sa chute aux mains des Talibans, en 12 Août 2021, puis en offrant ses bons offices entre l’Iran et les États-Unis  vue de l’échange de prisonniers américains contre le déblocage d’avoir iraniens par les Américains.

Pour aller plus loin sur ce fait, cf ce lien:

ainsi que les autres révélations du journal Al Akhbar

ILLUSTRATION

MOHAMMAD ZAATARI / AP

René Naba 18 Avril 2024 

♦L’europe à la dérive, la france otanisée, militarisation et fuite en avant dans la guerre… Que faire ?… Peut-être construire un front uni pour la paix ?…


C’est à quoi se sont attelés un petit groupe de Gilets Jaunes perdu dans la banlieue parisienne. Ils ont contacté une UL CGT locale et, avec elle, commencé à rédiger un canevas autour de 3 propositions simples susceptibles de passer outre les divisions partisanes et de pouvoir rassembler un maximum de citoyens. 3 propositions communes à beaucoup de partis (mais oui, reprenez leurs déclarations et vous y retrouverez, formulés autrement, ces 3 points) se disant pacifistes et répondant aux urgences de l’heure :

– pas un euro, pas un soldat, pas une arme dans les guerres
– sortie de l’Otan
– réorientation de la diplomatie française favorisant la négociation et pour le cessez-le-feu.

Ces 3 propositions écartaient volontairement les questions qui fâchent : celles de l’origine et des responsabilités de la guerre en Ukraine, celles portant sur l’Union Européenne en cette période électorale.

3 propositions susceptibles donc d’amener autour d’une même table les différentes composantes du camp dit « de la Paix » en espérant ainsi jeter la première pierre d’un front uni qui manque cruellement dans ce pays. Il était bien entendu qu’au sein d’un tel mouvement, chaque organisation pourrait librement développer ses propres analyses : l’essentiel étant que le socle unitaire soit maintenu.

Force est de constater que le bilan jusqu’ici est maigre : sur 6 organisations contactées, sans compter diverses personnalités et sites alternatifs, 3 ont simplement accusé réception, une seule à répondu. Lutte Ouvrière, que nous remercions malgré ses réticences, pour ne pas la nommer.

Des tracts ont été tirés. Quant à la pétition nationale lancée pour appuyer l’initiative, les 50 signatures n’ont pas été atteintes !

Alors on arrête ? On serait bien tentés…

Seulement voilà : la machine de guerre en face s’emballe de jour en jour.

Schizophrénie occidentale : s’enfoncer dans la crise et pousser à la guerre

Tous nos médias s’affolent maintenant de la dette publique. Au 31 mars, on chiffrait la dette publique française à 3000 milliards d’euros, avec un déficit de 154 milliards d’euro pour 2023. Hou là là ! Mais c’est affreux ça ! Et de nous tourner vers celle des EU : 31 400 milliards de dollars de dette ! On est des nains à côté ! Rassurez-vous : il y a quand même une différence de taille avec les Etasuniens : eux, grâce au dollar monnaie d ‘échange, ont la possibilité de faire payer les autres pays. Nous pas !

Curieusement, l’affolement budgétaire s’arrête aux frontières des dépenses publiques. Bref, taper sur le peu qui reste de services publics, les chômeurs, les assurances sociales, les aides à l’agriculture, aux petites et moyennes entreprises, bref, tout ça, ils savent faire. Bloquer les salaires, les pensions des retraités, gratter sur les livrets A explicitement visés pour la défense nationale, tout est bon. Les profs nouvellement recrutés (mesures Attal) seront payés en dessous du SMIC : 800 ou 900 euros ! Et les impôts ? C’est tentant, mais dangereux électoralement… A voir…

Macron l’a dit : c’est 10 milliards d’euros qu’il faut impérativement récupérer. L’UE a fixé la fourchette pour la France : on en est à 5,5 % de déficit, Attal se propose de passer à 4,4 %… non finalement ce serait plutôt 5,1 % pour l’année avant de revenir aux sacro-saints 3 %… à une date ultérieure.

Mais les mêmes médias trouvent tout naturel que le budget militaire susceptible d’accélérer la modernisation de l’armée française (face aux « menaces ennemies » ?) soit passé de 43,9 milliards en 2023 à 47,2 cette année (46 % d’augmentation depuis 2017). Et, assure Macron, l’effort sera maintenu. On le croit !

L’empire américain l’exige, l’Otan est à la manœuvre, l’UE s’est engagée, notre gouvernement s’enthousiasme : on est en guerre !

On peut s’interroger d’ailleurs contre qui : les sanctions ont plus touché l’Europe que la Russie.

Nos députés suivent malgré tout : le 12 mars dernier, l’Assemblée Nationale par 372 pour contre 99 (voix de LFI et PCF) a voté l’accord de sécurité bilatéral France Ukraine. De par le vote des députés, ce sont 13 milliards supplémentaires directement versés par la France pour la guerre qui ont été validés officiellement (part des 50 milliards votés à l’UE, plus la rallonge de 3 milliards décidée par Macron). Vous avez bien entendu : 13 milliards, à comparer avec les 10 milliards convoités par Macron en détruisant nos services publics.

Et voilà Macron qui s’improvise fin stratège de l’Otan. Le 7 mars, il a conclu un accord de défense Moldavie France. Pourquoi la Moldavie ? Jusqu’ici, c’était un pays neutre. Sauf qu’il est frontalier avec l’Ukraine et voisin d’un tout petit pays indépendant, la Transnistrie. Du coup, la Moldavie travaillée par l’UE et l’Otan, multiple les provocations contre sa minuscule voisine, traditionnelle alliée des Russes. Ainsi pourrait s’ouvrir, d’où l’accord Macron, un second front aux frontières de la Fédération de Russie. Dans laquelle la France serait entraînée…

Finement joué !

Mais nous armons aussi les quelques dictatures africaines encore fidèles à la Françafrique. Au Sénégal, la France vient de subir un sacré revers avec la défaite électorale de Macky Sall, jusque là un fidèle de l’hexagone.

Ajoutons la complicité manifeste dans le génocide actuel au Congo (6 millions de morts jusqu’ici !) par Rwanda interposé, permettant le pillage par l’UE des ressources minières frontalières.

Sans oublier le soutien tant financier que militaire qu’apporte la France à Israël génocidaire et qui suit la même logique belliciste, malgré les appels hypocrites de Macron au cessez-le-feu, dont il sait que Netanyahou n’a cure.

Bref, l’engrenage est lancé. La France n’a plus qu’à marcher au pas cadencé, sa jeunesse en premier : remise à l’honneur du service militaire (Service National Universel), retour du port de l’uniforme à l’école, propagande de recrutement dans l’armée tout azimut. Et répression à tous les étages : 600 procédures policières et pénales ont été dernièrement engagées pour apologie terroriste et antisémite, dont nombre de syndicalistes ou responsables politiques.

Palestine-Ukraine : deux poids deux mesures ?

C’est ce qu’on entend souvent dans les cortèges solidaires de la Palestine. Les manifestants entendent par là la différence de traitement entre la Russie et Israël au nom du droit international.

Pourtant, on pourrait aussi poser la question différemment : comment expliquer une telle disparité ? A cela, il convient de répondre que sur les deux champs de bataille ce sont les mêmes qui poussent à l’escalade, les Etasuniens et leurs alliés européens, maniant ça et là soutien armé et sanctions à leur guise, faisant ainsi du droit international une coquille vide avec le danger imminent que cela implique pour la paix dans le monde entier.

On retiendra d’abord du génocide sioniste largement toléré, pour ne pas dire appuyé, par les occidentaux qu’il constitue une preuve éclatante aux yeux des peuples du monde entier jusqu’où peut aller la barbarie belliciste de nos gouvernements. Les nazis cachaient leurs camps de concentration, les israéliens font tout à visage découvert : leurs soldats en sont à se filmer devant le massacre.

Car Israël se conduit comme un simple agent de l’empire étasunien : un moyen de contrôle de l’assujettissement du monde arabe, symbolisé par le fameux processus Abraham.

C’est aussi un avertissement lancé à « nos ennemis », russes ou bientôt chinois, de la détermination des EU à maintenir coûte que coûte leur domination.

Le second volet de la tragédie palestinienne se situe dans le vol programmé par les occidentaux (mené par Israël) avec la complicité de l’Égypte et de l’Autorité Palestinienne du gaz au large de Gaza.

Les sanctions économiques contre la Russie ont désorganisé l’économie mondiale, inflation mondiale à la clé. La mainmise sur de nouvelles ressources énergétiques est devenu primordiale. Or, les gisements de gaz à 30 km du littoral gazaoui sont une manne inespérée pour l’occident.
 
Les champs gaziers de Gaza Marine 1 et 2, identifiés depuis 1999, possèdent des réserves extractibles estimées à environ 35 milliards de m3 et une capacité annuelle de production de 1,5 milliard de m3 sur une période de 12 ans.

Rappelons que l’UE interdit théoriquement toute transaction par la puissance occupante des ressources palestiniennes. Néanmoins des tractations sordides et illégales entre Israël, l’UE, et même l’Inde, chapeautées par les EU, avec en toile de fond quelle part reviendrait à l’Autorité Palestinienne (par ricochet au Hamas), n’en finissent plus.

Pour l’UE, l’exploitation directe du gisement se ferait par le mastodonte italien d’envergure planétaire ENI (Ente nazionale idrocarburi), à qui Israël s’apprêterait à délivrer le contrat.

Et tout cela se négocie à coups de bombes et de morts à la grande joie de l’industrie d’armement dont les bénéfices ne cessent d’exploser.

Mais tout cela n’est pas un scoop.

Le scoop serait : et si on s’y mettait tous pour stopper la machine ?

Construire un front unique pour la paix

Nous voilà revenu au point de départ. Tous les partis, à part le PRCF (Pôle de renaissance communiste ) que nous avons aussi contacté, sont occupés dans les élections européennes.

Nous ne leur demandons pas grand-chose : juste de se mettre autour d’une table pour s’accorder sur une base minimale… déjà présente dans leurs propres programmes !

Combien de citoyens viendraient rejoindre un tel mouvement unitaire pour faire cesser la boucherie : tous les sondages le montrent. Les Français, comme les autres peuples, ne veulent pas la guerre. Pourquoi accepter de la faire ailleurs avec le sang des autres.

Tous sont d’accord : nous voulons vivre en paix, dans un monde meilleur, pour nous pour nos enfants. « Pour un monde meilleur » : ces paroles sont d’ailleurs celles d’une de nos chansons celle des Gilets Jaunes reprise internationalement.

Alors passons aux actes.

Que ceux qui se disent pacifistes prennent leur responsabilité. En signant l’appel lancé par notre petit groupe Gilet Jaune, peut-être parviendrons nous à nous faire entendre.

Essayons du moins !

Contact : marti.michel@hotmail.fr Page Facebook : Gilets Jaunes du Coin
Lien pétition : https://www.change.org/POURLAPAIXCONTRETOUTEINGERENCEFRANCAISE

MARTI MICHEL

URL de cet article 39536
https://www.legrandsoir.info/l-europe-a-la-derive-la-france-otanisee-militarisation-et-fuite-en-avant-dans-la-guerre-que-faire-peut-etre-construire-un-front.html

♦ En Palestine, Naplouse la rebelle garde la tête haute


Coupée du monde par les troupes d’occupation, sous la pression de nombreuses colonies, la grande ville du nord de la Cisjordanie suit de près et avec tristesse l’écrasement de la société gazouie par l’armée israélienne. Incarnant une certaine douceur de vivre mais aussi l’esprit de résistance en Palestine, Naplouse s’interroge sur les chemins de la libération.

27 mars 2024. Vue générale de la ville de Naplouse, capitale du nord de la Cisjordanie, la nuit.

Jean STERN

De notre envoyé spécial à Naplouse

En ce milieu de matinée, fin mars 2024, la vieille ville de Naplouse, entrelacs clair-obscur de ruelles parmi de fiers palais médiévaux, des terrasses fleuries et odorantes, des placettes agrémentées de paisibles fontaines, s’éveille à peine. Naplouse la douce incarne depuis deux ans en Cisjordanie la ville symbole de celles et ceux qui relèvent la tête. Résistance armée, résistance politique, résistance culturelle, Naplouse a dit non et en a payé le prix. Pour les Palestiniens de Naplouse, ce qu’ils qualifient de génocide en cours à Gaza provoque un « électrochoc mondial », dit un intellectuel. Et ils semblent avoir retrouvé « l’esprit de la résistance » , laissant entrevoir pour Naplouse la rebelle un autre avenir que la guerre.

Les commerces du souk alimentaire sont au ralenti ce matin-là, le rush du ramadan arrive en fin de journée, quand les Naplousins flânent bras dessus bras dessous pour acheter des herbes, des légumes et des douceurs, dont le célèbre knafé, un flan tiède délicieusement parfumé dont les nombreux pâtissiers de Naplouse s’enorgueillissent de faire le meilleur du Proche-Orient. Les étals sont bien garnis. Ici comme ailleurs, tout doit être fastueux et pantagruélique pour la rupture du jeune. Malgré le malheur qui frappe la région depuis des mois, des années, « des siècles » ironise à peine un vieux professeur, la ville se flatte de sa prospérité qui ne tient pas seulement aux berlines allemandes rutilantes paradant en soirée sur les boulevards de la ville moderne. Cité commerçante, capitale régionale du nord de la Cisjordanie, Naplouse tire une partie de sa richesse de son environnement agricole, directement menacé par les colons qui captent les terres et harcèlent les paysans, lesquels alimentent les grossistes de la ville. Les oliviers abondants alentour ont contribué à son savoir-faire légendaire en matière de savons et produits de beauté.

La lourdeur des informations en provenance de Gaza entretient le chagrin de nombreux Naplousins. Beaucoup connaissent personnellement les victimes, en raison d’alliances familiales et de parentèles lointaines que la Nakba, puis la colonisation de la Cisjordanie et de Gaza n’ont pas réussi à totalement distendre. « Qui parle de notre chagrin ? », dit l’écrivain de Haïfa Majd Kayyal, anéanti comme tant de Palestiniens à Naplouse et ailleurs par l’ampleur du deuil – plus de 32 000 morts à Gaza, et 600 en Cisjordanie.

Cette reine sans couronne, surnom flatteur et ambigu de Naplouse, a certes le cuir endurci. Nœud stratégique sur la route des caravanes puis sur le chemin de fer entre Damas, Jérusalem, Amman et Le Caire, elle a connu bien des occupations au cours de son histoire. Toutefois sa légende assure qu’elle ne s’est jamais soumise. La ville de plus de 270 000 habitants est aujourd’hui surveillée de près par deux bases militaires israéliennes perchées sur les crêtes des montagnes qui l’enserrent. Les nouveaux immeubles grimpent sur les flancs, donnant davantage de force et de beauté à la ville, surtout la nuit. Devenue difficile d’accès à l’automne, depuis que ses principaux checkpoints ont été fermés par l’armée israélienne, Naplouse est cernée par d’innombrables colonies, dont de nombreux avant-postes formés d’une trentaine de préfabriqués et entourés de cercles de barbelés, en attendant des cloisonnements en dur. L’ensemble du dispositif colonial est sous l’autorité des ministres suprématistes et racistes. Itamar Ben-Gvir et Bezalel Smotrich ont la haute main sur la gestion des territoires. Les nouvelles milices coloniales qu’ils ont mises en place et armées, les Kitat Konenut, comptent déjà plus de 11 000 volontaires pousse-au-crime en Cisjordanie.

« LES GENS ONT CESSÉ DE SE PLAINDRE »

Soudain, les ruelles de la vieille ville grondent de colère. Les antiques façades de pierres dorées peinent à assourdir les litanies mortuaires et les slogans de vengeance. Naplouse enterre Walid Osta, un jeune homme de 19 ans vivant à Ein, un petit camp de réfugiés de deux mille personnes, non loin du centre-ville. Rien à voir avec Balata, à l’entrée sud de la ville, ni Askar, côté nord, deux camps de réfugiés comptant des dizaines de milliers d’habitants. Walid Osta a été tué la veille à Jénine lors d’un affrontement provoqué par l’armée israélienne. Le visage du jeune homme est apparent, yeux clos, lèvres gonflées. C’est un enfant que la foule de Naplouse porte en terre, une petite foule, trois cents personnes environ. Ici, la répression est sévère, menée avec la complicité active de la police palestinienne. Le danger est réel. Plus encore que dans les villes d’Israël, les Palestiniens craignent de manifester. Israël multiplie les arrestations préventives et les détentions administratives sans procès ni jugement. Malgré tout, « depuis ce qui se passe à Gaza ces derniers mois, les gens ont cessé de se plaindre de leur sort à Naplouse », commente un intellectuel. Israël a franchi un cap, il va falloir en trouver un autre.

Dans les regards des personnes présentes au passage du cortège funèbre, on lit cependant de la tristesse, de la lassitude, de la peur. De l’indifférence aussi. Comme si pour certains, depuis le massacre du 7 octobre, depuis que persiste le pilonnage meurtrier de Gaza, après tant et tant de morts, « il serait temps de passer à autre chose », résume un intellectuel.

Le directeur de Tanweer, une association installée dans la vieille ville qui mène un gros travail social auprès des femmes, Wael Al-Faqih, s’affirme « radicalement favorable à la non-violence » et estime que les Palestiniens devraient s’engager dans cette voie. La violence d’Israël, il l’a subie, tout comme son épouse, avec des séjours en prison « deux fois pour elle, et plusieurs fois pour moi » sous des motifs fallacieux. Il faut en finir avec « le temps des remèdes de charlatan », comme le dit avec une ironie amère un autre de mes interlocuteurs, pour relancer la réflexion sur le futur.

« La mort a depuis trop longtemps été là, et frappé tant de jeunes » poursuit-il, persuadé qu’il faudra bien un jour changer de logiciel. Pour un architecte Naplousin, l’avenir revient à « poursuivre la construction d’une société civile, et à élaborer un projet politique commun pour tous les Palestiniens ». Zouhair Debei, qui a consacré une partie « de sa vie et de son énergie » à un hebdomadaire local indépendant raconte « avoir toujours défendu, et aujourd’hui plus que jamais, l’idée de la non-violence. Il faut construire une alternative pour préserver la mémoire des Palestiniens et surtout améliorer les conditions de vie, notamment au niveau de l’éducation et de l’écologie. On a besoin de planter beaucoup plus d’arbres. L’histoire de Naplouse doit redevenir une leçon de vivre ensemble ».

« LE RESPECT DE TOUTE LA PALESTINE »

Les très jeunes militants de la Fosse aux lions avaient choisi en 2022 une autre voie : celle de prendre les armes tout en faisant le buzz sur TikTok1. Ils ont permis à la ville de gagner « le respect de toute la Palestine » en menant la vie dure aux troupes israéliennes. Résistants pour les Palestiniens, « terroristes » pour les Israéliens, ils ont été plus de deux cents combattants, abattus pour la plupart et pour certains en prison. Leurs chromos en armes tapissent les murs de la vieille ville et des camps. La ruelle d’herbes sauvages où a été tué le 9 août 2022 Ibrahim Al-Naboulsi, 18 ans, après un impressionnant déploiement nocturne de l’armée israélienne au cœur de la vieille ville, fait l’objet d’un discret parcours mémoriel.

Portrait d’Ibrahim Al-Naboulsi à l’endroit où il a été liquidé par l’armée israélienne dans la vieille ville de Naplouse, le 9 août 2022.
Jean Stern

« Quelque chose a changé depuis le 7 octobre, et je soutiens les résistances, car c’est le droit d’un peuple sous occupation de se défendre, résume Ibrahim, un jeune intellectuel Naplousin. Sur les 38 personnes que comptait ma classe en 2005, 22 ont depuis été tués ou arrêtés ». Sa douleur l’étouffe, le paralyse parfois. Pourtant, il ne peut envisager de prendre la tangente. Le monde extérieur lui est fermé : Israël gouverne in fine ses choix de vie avec l’occupation, le mur, les blocus, tout ce qui pourrit son quotidien.

Sortir de l’occupation est pour Ibrahim un cauchemar. Il est hanté par le souvenir de l’ami de 13 ans, mort dans ses bras après une agonie de plusieurs minutes à même le trottoir. Il avait pris une balle dans l’œil pendant la seconde intifada, qui a été puissante autant que meurtrière à Naplouse. Alors il est prêt à comprendre la peine et la colère des Israéliens face à « l’horreur » du 7 octobre mais leur demande, comme tout le monde ici, de comprendre sa rage, ancrée depuis si longtemps par l’arbitraire colonial, et ravivée par les deuils de Gaza.

Ibrahim se réjouit de penser que pour l’Israël de Benyamin Nétanyahou qui l’oppresse, c’est « le début de la fin ». La défaite de ce gouvernement et de son armée, qui ne sont parvenus ni à détruire le Hamas ni à libérer les otages, est un constat que la rue de Naplouse partage avec celle de Tel Aviv. La fin d’un pays jusqu’à présent victorieux, en tout cas sous sa forme actuelle, est d’ailleurs envisagée par de nombreuses personnes en Palestine comme en Israël, j’y reviendrai dans un prochain article.

« UNE DÉCISION DU PEUPLE PALESTINIEN »

Le pacifiste Wael Al-Faqih estime que le « droit de se défendre » contre l’oppression, contre une situation qui « s’est terriblement dégradée à Gaza depuis plus de quinze ans » n’est pas « une décision du Hamas mais une décision du peuple palestinien. Cela fait 75 ans qu’Israël occulte la réalité de la Palestine aux yeux du monde. Cela aussi, c’est en train de changer, les gens commencent à découvrir le vrai visage d’Israël ». Que le débat sur le choix du modèle de résistance, entre non-violence et lutte armée soit relancé à Naplouse illustre également la réputation intellectuelle de la ville, qui aime les idées tout autant que les rencontres.

Cela n’induit pas pour autant le retour de la confiance des Palestiniens en leurs partis et en leurs institutions. L’un de mes interlocuteurs résume en une phrase le sentiment général : « L’Autorité palestinienne est corrompue et son appareil sécuritaire vendu aux Israéliens. Elle n’a aucun projet et le Hamas est un parti réactionnaire, conservateur, raciste, hostile aux droits des femmes et homophobe ». Selon un sondage de l’institut PSR réalisé début mars 2024 via des centaines d’entretiens en face-à-face à Gaza, Jérusalem-Est et dans les territoires — ce qui constitue un véritable exploit sociologique — seul un tiers des Palestiniens soutiennent le Hamas, soit 9 % de moins qu’en décembre 20232. Le soutien à la lutte armée est également en baisse de 17 %, chutant de 56 à 39 %, tandis que celui à la non-violence monte à 27 %, soit une augmentation de 8 %. Néanmoins, les Palestiniens pensent aussi à 70 % que l’attaque du 7 octobre était justifiée, dans un contexte d’échec du processus de paix, tout en renvoyant dos-à-dos sur le plan politique le Hamas et l’Autorité palestinienne, qui exercent actuellement le peu de pouvoirs laissé par les Israéliens aux Palestiniens, dans un contexte de corruption généralisée à Gaza et en Cisjordanie.

Dans la douceur des soirées printanières du ramadan, les cafés de la vieille ville et du centre moderne de Naplouse se remplissent de jeunes filles et garçons en bandes non mixtes, comme ailleurs dans le monde. Ils jouent aux cartes, fument la chicha, partagent du thé et du knafé. La légèreté est dans les gênes de the old lady, autre surnom affectueux de Naplouse. Cette vieille dame insuffle la fougue de sa jeunesse à l’esprit de résistance, et on ne peut plus lui raconter d’histoires.

JEAN STERN

Ancien de Libération, de La Tribune, et de La Chronique d’Amnesty International. Il a publié en 2012 Les Patrons… 

♦ Passer sa mort en prison sioniste


Waleed Abu Daqqa arrêté, torturé et privé de soins par Israël malgré son cancer, en est mort. L’occupation israélienne a décidé de garder son corps jusqu’à la fin de sa peine en mars 2025, & des soldats ont attaqué la famille qui se recueillait. Même la mort ne leur suffit pas. Après 38 ans derrière les barreaux, le prisonnier militant Walid Dakka (63 ans) est décédé en martyr à cause de la négligence médicale israélienne. Les autorités pénitentiaires israéliennes lui ont refusé à plusieurs reprises une libération anticipée justifiée par la détérioration de son état de santé.

CPI, 9 avril 2024. Hier soir, lundi 8, la police d’occupation a pris d’assaut la tente funéraire du martyr captif Walid Daqqa dans la ville de Baqa al-Gharbiya, a utilisé la force pour faire enlever la tente et a arrêté cinq personnes proches du martyr, après avoir perquisitionné le domicile familial.

La police israélienne a fait enlever la tente de deuil et a perquisitionné le domicile de la famille Daqqa.

Les sources ont indiqué que la police d’occupation a attaqué d’autres personnes à coup de gaz lacrymogènes.

Voir la vidéo révoltante sur le compte Instagram de Monira Moon

Hier, la famille du martyr Daqqa a annoncé que l’occupation refusait de remettre le corps du martyr, dans le but de punir la famille.

Elle a souligné que le corps du martyr Walid Daqqa se trouve toujours à l’Institut de médecine légale d’Abou Kabir, sans aucune justification légale pour ne pas rendre le corps.

La famille a appelé toutes les institutions humanitaires et de défense des droits humains ainsi que les dirigeants officiels de toutes les régions à demander la restitution du corps du martyr, ajoutant : « Nous avions espéré que l’accord serait de libérer Walid vivant, et maintenant nous espérons que nous parviendrons à un accord pour la restitution de son corps. »

Le martyr, qui a passé 38 ans en captivité, a subi des problèmes de santé au cours de ses derniers jours, ce qui l’a amené à rester à l’hôpital Assaf Harofeh jusqu’à sa mort il y a deux jours.

Source : Centre palestinien d’information.

»»https://ismfrance.org/index.php/2024/04/09/la-police-doccupation-attaq…

URL de cet article 39519
https://www.legrandsoir.info/passer-sa-mort-en-prison-sioniste.html

♦ Ingérence en Afrique : d’un impérialisme l’autre ?


Il est toujours assez gênant – pour ne pas dire exaspérant – de voir certains analystes et commentateurs de l’opposition se réjouir que les puissances russe et chinoise « étendent leur influence en Afrique » au détriment du méchant colon français qui, hormis ses contributions sociales, éducatives, technologiques et administratives sur le continent ces dernières décennies, ne serait bon qu’à commettre pillages et exactions en tous genres auprès de populations vulnérables…

Voilà sans doute la vision de celui qui, ne connaissant en réalité de l’Afrique que le Club Med de Djerba ou les meilleurs resorts du Kenya, conçoit le monde comme un vaste tournoi de football idéologique où il s’agirait de choisir et soutenir sans conditions son club, trahi par un malheureux besoin de domination. La vision de celui qui pense avec l’arrogance eurocentrique, abreuvé des récits les plus spectaculaires ou les plus misérabilistes, entretenant malgré lui la croyance tenace selon laquelle les peuples d’Afrique seraient anthropologiquement inaptes à l’autonomie et en demande d’une autorité extérieure – qu’elle prenne le nom de « colon » ou de « partenaire majeur ».

Voilà une façon de remplacer à moindres frais un impérialisme par un autre – à ceci près que l’« esprit français » exporté a au moins le mérite d’être une proposition humaniste –, et d’alimenter l’éternel mépris des dirigeants pour leurs peuples, suivant les lois sacrées du profit. Une façon de coller à la religion du développement économique défendue par les lobbies globalistes et autres prédateurs financiers en embuscade, qui entraîne chaque année des milliers de migrants sous-éduqués à abandonner famille et patrie pour vivre la publicité mensongère de l’eldorado occidental.

Mais ce que l’on omet assez grossièrement de dire, sans doute par réflexe colonial primaire, c’est que l’avenir de l’Afrique se trouve désormais plus du côté des dynamiques intracontinentales, en faveur d’une solidarité régionale (notamment du Maghreb et de l’Égypte vers les pays subsahariens), plutôt qu’auprès de partenaires étrangers qui n’en connaissent ni l’histoire ni les particularités sociales, ethniques, culturelles.

Petit test de terrain qui vaudrait le coup : sonder les professionnels du tourisme – et notamment de l’hôtellerie – ici et là sur le continent africain en leur demandant quels sont, par nationalité, les voyageurs qu’ils redoutent le plus, pour leur conduite irrespectueuse (des lieux et des gens) et leurs manières de ploucs incorrigibles. Pas sûr que ce soient les Français qui arrivent en tête du sondage…

Cessons donc de voir l’Afrique comme le mendiant professionnel qui prend son plus bel air de victime pour soutirer quelques pièces, et considérons-la comme une adulte parmi les adultes : ce sera, me semble-t-il, le meilleur service à lui rendre en vue de son émancipation.

Rorik DUPUIS VALDER

URL de cet article 39492
https://www.legrandsoir.info/ingerence-en-afrique-d-un-imperialisme-l-autre.html

♦ Qui est Maxime Vivas, ce Français qui dénonce des « fake news » sur les Ouïghours et fait le bonheur de Pékin ?


« Qui est Maxime Vivas, ce Français qui dénonce des « fake news » sur les Ouïghours et fait le bonheur de Pékin ? » s’interroge Laurence Defranoux en titre d’un long article dans Libération du 30 mars 2021 (1).
En réponse dans son récent livre, (Ouïghours, l’horreur était dans nos médias, Editions Delga, mars 2024), l’interpellé soutient que Libération fait le bonheur de Washington en diffusant des “fake news”, bonheur redoublé quand sa journaliste choisit Raphaël Glucksman comme préfacier pour son propre livre (2).

Maxime Vivas ne se contente pas de répondre à ce média. Beaucoup, de droite et de gauche, l’ont férocement rossé, parfois insulté, parfois menacé pour son premier livre sur les Ouïghours (Ouïghours. Pour en finir avec les fake news, Editions La Route de la soie, Paris, décembre 2020). La tendance générale dans le PAF était de tronquer, truquer, modifier ses dires pour mieux en montrer l’inanité. On sent bien, dans ses réponses, une sourde colère (contenue) et un mépris (affiché).

En fait, dans Ouïghours, l’horreur était dans nos médias, 286 pages musclées, impertinentes et souvent teintées d’humour caustique, l’auteur répond au Vivas bashing politico-médiatique dans une quatrième partie de l’ouvrage dont les trois premières sont :

– Où de prestigieux intellectuels démontrent méticuleusement qu’il n’y a pas de génocide (3).

– Comment lutter contre le terrorisme en France, en Chine, partout ailleurs ?

– Le constat du Haut-commissariat aux droits de l’homme de l’ONU au Xinjiang.

Nos journalistes géo-stationnaires autour de la Tour Eiffel

Son livre est un ouvrage ultra-documenté, celui d’un auteur français qui est le seul à s’être rendu trois fois au Xinjiang (4). Ce qui lui permet d’ironiser sur les virils aventuriers-mocassins moquette, les exploratrices talons-aiguilles-foulard-Hermès qui se documentent autour de la machine à café du bout du couloir dans Paris Intramuros et qui nous recrachent ce qu’ils et elles viennent d’apprendre en ses lieux moquettés. (en résumé : « Salauds de Chinois ! »,« Saloperie de machine à café ! »).

Or, l’auteur répertorie les « sources » des informations dont nous abreuvent les médias depuis des années : « Sauf erreur improbable, les « lanceurs d’alerte » qui ont mis en branle nos médias et le Haut-Commissariat aux droits de l’homme de l’ONU sont tous liés idéologiquement, politiquement, voire organiquement et financièrement aux États-Unis d’Amérique.

Libération reproche à Maxime Vivas ses œillères. Accusation osée, visant un journaliste français qui étudie ce dossier depuis des années par tous les moyens possibles : lecture des arguments des Chinois, lecture des arguments (pléthoriques et répétitifs) des antichinois, trois enquêtes sur place. D’où une vision latérale unique dans le PAF et supérieure à leur vision fovéale étroite confinée dans une lorgnette made in USA.

Son livre commence par un bref listage des attaques qu’il a subies. C’est une annonce de ce qu’on y lira par la suite, en réfutation des mensonges et par ses contre-attaques personnalisées et impitoyables en vertu du principe qu’il énonce et qui lui servira de leitmotiv : « Pour monter au mât, il vaut mieux avoir le derrière du pantalon propre ».

Voici les toutes premières pages de son livre :

« MESSAGE À NOS MÉDIAS

Vous affirmez que je suis « un idiot utile » (Frédéric Lemaître, Le Monde), « d’extrême gauche » (Nathalie Guibert, Le Monde), tandis que je suis d’extrême droite (Éric Simon, Charlie Hebdo) et un « dingo » qui nie l’existence de « camps de rééducation pour les Ouïghours » (Laure Daussy, Charlie Hebdo). Vous essayez de me faire dire qu’« il ne se passe rien de particulier au Xinjiang » (Elhia Pascal-Heilmann, Arrêt sur images), que « tout ce qui est dit sur le Xinjiang est faux » (Antoine Bondaz, Fondation pour la recherche stratégique). Vous certifiez que, porteur d’« œillères », j’épouse « sans réserve le récit colonialiste de Pékin » (Laurence Defranoux, Libération), que je suis un « négationniste » quant au Xinjiang (Nathalie Loiseau, ancienne ministre, tweet), un « confusionniste et propagandiste chinois » (Léa Polverini, Slate.fr), un nazi (« rouge-brun ») qui « nie les attentats contre les twin towers » (Tristan Mendès France, Twitter, France Inter, Conspiracy Watch). Vous avez contraint un hebdomadaire littéraire à me censurer, vous soutenez que « je suis bien payé » par le Parti communiste chinois et vous hésitez à me traîner devant les tribunaux « pour l’instant » (Dilnur Reyhan, Institut ouïghour d’Europe). Vous me refusez un droit de réponse après m’avoir mis en cause, vous prétendez que « le martyre des Ouïghours » est une « réalité maintes fois démontrée » et que, pour la nier, j’ai bénéficié d’un « droit de suite sur nombre de canaux, notamment chinois… » (Thibault Sans, Le Média). Vous me rangez dans un « cheptel » qui diffuse « les éléments de langage de Xi Jinping » (Benjamin Jung, Blast). 6 Ouïghours – L’horreur était dans nos médias.

À vous et à d’autres, je vais rappeler ci-après ce que j’ai vraiment écrit sur le Xinjiang dans mon livre Ouïghours. Pour en finir avec les fake news (décembre 2020, éditions La Route de la soie, Paris) et je le compare à vos divagations que contredisent, depuis des années, des intellectuels étrangers mondialement reconnus, et même le « rapport » publié le 31 août 2022 par le Haut-Commissariat aux droits de l’homme de l’ONU après son enquête au Xinjiang, où l’on cherchera vainement les mots « génocide, esclavage dans les champs de coton, camps de concentration, prélèvements d’organes, persécution de la religion, éradication de la culture et de la langue ouïghoures », accusations terribles qui sont votre fonds de commerce pro-atlantiste et un prétexte à aboyer en bande organisée contre la Chine et à me dire traître à mon pays. J’invite Jacques Charon et Jean-Baptiste Jeangène Vilmer (Institut de recherches stratégiques de l’École militaire, IRSEM) à réfléchir à ce qu’ils ont fait en livrant à l’OTAN et au Pentagone une version anglaise de leur enquête antichinoise où mon nom apparaît 61 fois et ma photo 8 fois.

Avec mon voisin gascon Cyrano de Bergerac je vous préviens, perce-bedaines, coupe-jarrets, trotte-menu et pisse-copie, que je « n’abdique pas l’honneur d’être une cible ». Mieux : je vais rappeler ce que vous avez écrit et dit sur le « génocide » et sur moi ; je vais révéler comment vous caillassez la vérité et ceux qui la protègent. À mon tour, j’ai enquêté sur vous. J’ai découvert que vous êtes montés au mât sans avoir le derrière du pantalon propre. Vous n’allez pas aimer ».

Vivas wanted dead or alive ?

Plus loin (page 161), l’auteur revient sur la version anglaise de l’enquête de l’Institut de Recherches Stratégiques de l’École Militaire : « Si j’étais craintif, parano ou complotiste, si je ne savais pas que le Pentagone et la CIA (surtout la CIA) sont des organismes moraux, pacifistes, non violents, légalistes, incapables de mauvais coups dans l’ombre, je dirais que l’IRSEM m’a désigné à des tueurs ».

Et là, on comprend qu’en insistant ainsi sur sa mise en cause incongrue (il est le nom le plus cité dans l’enquête de l’armée) il se fabrique un bouclier (5), d’autant plus que deux autres personnes qui ont écrit sur le Xinjiang sans médire ont été obligées de disparaître du paysage :
– Christian Mestre, professeur à la Faculté de droit de Strasbourg et ancien président, a été contraint de démissionner de la fonction de déontologue de l’Eurométropole de Strasbourg en février 2021 pour des propos qu’il a tenus sur la politique menée au Xinjiang en 2019.
– La journaliste Laurène Beaumond (pseudonyme), au coeur d’une polémique lancée par Le Monde (qui prétendait qu’elle était une invention de la télé chinoise) déclare craindre pour sa sécurité et celle de sa famille. Elle s’est mise en retrait, a fermé son compte Twitter qui était à son vrai nom.

Les scoops dans le livre

L’auteur nous régale avec deux scoops sidérants (si vous préférez : deux informations exclusives). Cela se passe à l’université coranique d’Urumqi (oui, on étudie le Coran au Xinjiang, et même à l’université ) où le mollah lui montre la chaise où s’était assise en mai 2022 Michelle Bachelet, Haut-commissaire aux droits de l’homme de l’ONU. L’auteur y voit la même chose qu’elle et il comprend mieux sa Déclaration du 28 mai 2022 en Chine, Déclaration que vous avez peu de chance de lire dans son intégralité ailleurs que dans le livre de Vivas qui en fait une analyse pointue, irréfutable et… jouissive.

Par ailleurs le rapport publié par l’ONU le 31 août 2022, 13 minutes avant la fin du mandat de quatre ans de Michelle Bachelet présente des nombreuses curiosités :

– Alors que le français est une des deux langues officielles de l’ONU, le document n’existe qu’en anglais.
– Ce n’est pas un rapport (report) mais une simple évaluation (assessment).
– Il n’est pas signé par Michelle Bachelet (6) ni par quiconque.
– Les demandes multiples faites par Vivas pour obtenir le nom des auteurs ont été vaines.
– L’ONU a rompu tout dialogue avec lui quand il a précisé (sur demande) qu’il travaille pour Le Grand Soir et qu’il écrit un livre sur les Ouïghours (7).
– Le document de l’ONU ne comporte pas les mots « génocide, esclavage dans les champs de coton, camps de concentration, prélèvements d’organes, persécution de la religion, éradication de la culture et de la langue ouïghoures », accusations terribles qui sont le fonds de commerce pro-atlantiste de nos médias et un prétexte à aboyer en bande organisée contre la Chine et à dire que le citoyen Vivas est un félon, vendu à une puissance étrangère.

Le 29 mars 2023, le chercheur sinologue Antoine Bondaz planchait à l’Assemblée nationale devant la « Commission d’enquête relative aux ingérences politiques, économiques et financières de puissances étrangères – États, organisations, entreprises, groupes d’intérêts, personnes privées – visant à influencer ou corrompre des relais d’opinion, des dirigeants ou des partis politiques français » (sic). La cible était la Chine. La séance a eu lieu à huis clos, chose rarissime (c’est-à-dire qu’elle n’a pas été filmée). Une partie de son audition va mettre Vivas en vedette (il en parlera longuement dans son livre), son nom est souvent cité. A l’occasion, Bondaz prétend que Vivas, s’il n’est probablement pas payé par les Chinois, publie « De nombreuses fausses informations ». Par exemple il prétendrait que la presse parle « de 3 millions de morts » ouïghours. Pur mensonge dont l’auteur se défend. Dans une région de 12,5 millions de Ouïghours où les familles comptent souvent 2, 3 enfants (voire plus, la région n’a jamais été soumise à la politique de l’enfant unique), la mort de 3 millions d’hommes équivaudrait à la quasi disparition des adultes mâles, capables de procréer. Pourtant, révèle Maxime Vivas : « Les données de l’Annuaire des statistiques du Xinjiang en 2019 indiquent que, de 1978 à 2018, la population ouïghoure du Xinjiang est passée de 5,55 millions à 11,68 millions d’habitants. Combien de pays dans le monde ont vu leur population doubler en 40 ans ?

Les journalistes s’auto-intoxiquent à se lire entre eux. C’est la fameuse « circulation circulaire de l’information » de Pierre Bourdieu. Aussi, l’auteur croit-il bon de rappeler qu’il n’est pas membre du Parti communiste chinois (ni d’aucun parti, d’ailleurs) et qu’il n’a pas de modèle (page 181) : « Quant à ma dévotion pour la Chine, je dois, une fois de plus, la définir ainsi : la Chine n’est pas pour moi un modèle. Je ne souhaite pas l’importation en France du système politique,économique, policier, militaire, financier, judiciaire, syndical, scolaire,médiatique, etc., chinois. Il est le fruit (adapté à des nécessités et à une culture) de l’Histoire de la Chine. Nous serions mal inspirés de vouloir l’adopter et pareillement de vouloir lui imposer le nôtre ».

Les dernières, lignes du livre de Vivas sont un fier et ironique pied de nez. Lisons :

« Bande de censeurs, bonsoir !

Ô « élite » de ce pays, dès 1960 vous m’avez hissé jusqu’en haut d’un mât pour que chacun voie le fond de mon pantalon […]. Vous m’attendiez à ma descente en distribuant des pierres à vos affidés et en braillant : « Regardez, un idiot utile, un propagandiste chinois, un gauchiste, un négationniste, un conspirationniste, un complotiste, un dingo, un nazi, un relais d’opinion corrompu, un traître à son pays. » « Passer pour un idiot aux yeux d’un imbécile est une volupté de fin gourmet », disait Courteline. Sauf que mes imbéciles arment de plus idiots, lesquels, s’ils n’ont pas inventé la poudre, n’étaient pas loin quand ça a pété. Les secoués sont dangereux, surtout si on leur a présenté la cible des dizaines de fois, avec 8 photos à l’appui. Par bonheur, un ami connaisseur du proverbe : « Donne un cheval à l’homme qui a dit la vérité, il en aura besoin pour s’enfuir » avait sellé un pur-sang sur lequel j’ai sauté. Injures, imprécations, calomnies, menaces, s’écrasent sur sa croupe, rebondissent sur ses fers sans atteindre mes oreilles qui les ont déjà bien trop entendues.

Et, dans le village où je vis désormais près de Toulouse après m’être hardiment exfiltré de Paris intramuros, j’entretiens un grand jardin potager (souvent en compagnie de rouges-gorges amicaux, plus rarement de biches craintives qu’un bond gracieux emporte) entre une allée de platanes majestueux et un vallon au fond duquel se blottit un bois à sangliers, avec la chaîne des Pyrénées à l’horizon, si proche à l’œil par temps clair qu’on croit pouvoir la toucher, sachez que, de votre fiel, de vous, de ce que vous avez dit, de ce que vous direz, je me contrefous ».

« Ouïghours, l’horreur était dans nos médias  Editions Delga, mars 2024.

Un lire, à commander en librairie si vous n’y trouvez en rayon que des livres de bobards sur le Xinjiang (Le libraire peut effectuer la commande par DILICOM. ), ou a commander vous-même à l’éditeur : https://editionsdelga.fr/comment-commander/

Vincent MORET

Notes
1- Le patron de Libération, Patrick Drahi, est de nationalité française, portugaise, israélienne, marocaine… et il est résident Suisse.
2- Les Ouïghours, histoire d’un peuple sacrifié, Éditions Tallandier, septembre 2022).
3- De plusieurs pays, dont les Etats-Unis, mais AUCUN Français, hélas !
4- A une exception : la journaliste de Libération y est allé… en 1997 !
5-Preuve que, s’il ne cède rien, il n’est pas inconscient (ni tranquille ?), il va revenir encore à la fin du livre sur la menace qui le désigne « aux uniformes états-uniens » en le présentant pour « cible des dizaines de fois, avec 8 photos à l’appui ».
6-Militante du mouvement de la Jeunesse socialiste au Chili dans les années 1970, Michelle Bachelet a été emprisonnée et torturée, avec sa mère, sous la dictature d’Augusto Pinochet. Son père est mort sous la torture en 1974. Michelle Bachelet a été élue deux fois présidente du Chili. Même si le bilan final de son enquête au Xinjiang a irrité les Chinois, Maxime Vivas se garde de l’accabler. Au contraire, il note que Michelle Bachelet, surmédiatisée dès l’annonce de sa mission en Chine et pendant, a disparu des radars dès la sortie de l’assessment. Et nos médias de ne pas s’en étonner. Et nos médias de ne pas se disputer l’honneur de la faire parler. Et nos journalistes de préférer oublier qu’elle s’est rendue au Xinjiang où, sans avoir tout vu, elle en a peut-être vu plus qu’eux.
7- L’auteur insinue que l’édition in extremis du document de l’ONU s’explique par des dissensions internes au Haut-commissariat et que l’ONU a « tordu le bras » de la Haut-commissaire dont les propos à Beijing, le 28 mai 2022, sont en contradiction avec la tonalité hostile de l’assessment produit le 31 août.

PS.
Sur le droit de parler le ouïghour

URL de cet article 39494
https://www.legrandsoir.info/qui-est-maxime-vivas-ce-francais-qui-denonce-des-fake-news-sur-les-ouighours-et-fait-le-bonheur-de-pekin.html

♥ CRITIQUE INTERDITE !


Je ne voudrais surtout pas passer pour une #antisémite

Ça ne passe pas même si on fait vite…

Et puis, ça risque de compromettre l’avenir de mon site

#Wallah, je ne suis pas antisémite !

Et ceux qui prétendent le contraire ont une méningite.

Je ne sais pas si c’est un délit, en tout cas, c’est illicite…

Un crime de lèse Majesté pour ceux qui entretiennent le mythe Ersatz Israël… le mythe du grand Israël qui a tous les mérites

Si je dis qu’#Israël n’en a aucun, je passe pour une antisémite

Ce n’est plus une terre promise mais une terre cuite

On leur fait un procès inutile et sans suite. Tous ceux qui ont rêvé de processus de paix, ont pris la fuite

C’est Israël qui inflige les blâmes et distribue les satisfécits

Tout pour eux, rien contre eux : la messe est dite.

Selon eux, la vérité ne s’invente pas, ça s’hérite…Et si je dis que ça m’irrite, je suis antisémite !

Ni blanc, ni noir, Israël est d’un gris anthracite

On ne peut pas le leur reprocher sans passer pour un antisémite.

La Palestine n’existe pas sur leur carte de visite

Ne devant rien, derrière l’Éternel, ils s’abritent

Leur colonie pénitentiaire n’est pas fortuite, c’est dans la #Bible, leur volonté de puissance est prescrite

Toute instruction à leur sujet est interdite.

Toute larme versée sur #Gaza est maudite !

Leurs crimes sont lavés à l’eau bénite

Pas plus grandes victimes que ces #sémites

Pas d’autres juges de peine que les #israélites

Ils ont volé Dieu, les autres importent peu à leurs élites

Ils font régner l’impunité et s’ auto-félicitent

Israël est en hausse, Ismaël en faillite…Ses amis sont unis, ses ennemis désunis : #chiites contre #sunnites

Et leur empire se consolide à chaque vague #islamiste

Et je ne suis pas antisémite même si le sens de la Justice m’y invite

Comme quoi, dira un Judas américain : shit !

♥ Lejournal Depersonne.

♦ Il y a vingt ans, la loi contre le voile : aux origines d’une « nouvelle laïcité », plus punitive, plus excluante


Le 15 mars 2004, le parlement français adoptait la loi sur « le port de signes ou de tenues manifestant une appartenance religieuse dans les écoles, collèges et lycées publics ». Ce vote faisait suite aux travaux de la commission Stasi à laquelle participait Jean Baubérot, et qui facilitera l’adoption d’une nouvelle conception de la laïcité. C’est son témoignage que nous publions ci-dessous, avec une introduction d’Alain Gresh.

Ce que l’histoire retiendra de la commission Stasi, du nom de Bernard Stasi, ancien ministre et ancien député centriste, mise en place le 3 juillet 2003 et qui a remis ses conclusions au président Jacques Chirac le 11 décembre de la même année, c’est qu’elle a prôné l’interdiction des signes religieux dans les écoles. Elle a facilité le vote d’une loi en ce sens le 15 mars 2004, texte que tout le monde désignera comme « loi sur le foulard », malgré son titre officiel, « loi encadrant, en application du principe de laïcité, le port de signes ou de tenues manifestant une appartenance religieuse dans les écoles, collèges et lycées publics ». Alors qu’au départ bon nombre de ses membres étaient hostiles à cette mesure, ils vont s’y rallier au fil des mois et adopter la vision selon laquelle la France ferait face à une « agression », selon les termes du président Chirac.

La commission Stasi, au-dessus de tout soupçon ?

La France vit un printemps 2003 agité, avec des enseignants en grève et des mobilisations contre la loi sur les retraites. Cependant les politiques et les médias préfèrent se focaliser sur des « problèmes de société ». Le 12 juin 2003, Le Canard Enchaîné résume la situation sous le titre : « Les mouvements sociaux font bâiller les journaux ». Les médias, en revanche, ont « embrayé » sur le foulard. Il est vrai qu’un tel sujet, poursuit le journaliste du Canard Enchaîné, « permet d’aborder certains thèmes en principe plus “vendeurs” : intégrisme, terrorisme, insécurité en tout genre ». Pourtant, un sondage révèle que 68 % des personnes interrogées pensent que les médias ont alors trop parlé du port du foulard.

Paralysé par ses divisions, aphone sur les retraites, coupé du mouvement enseignant, rallié au social-libéralisme, le Parti socialiste (PS) se réunit en congrès à Dijon au mois de mai 2003. Son numéro deux, Laurent Fabius, consacre l’essentiel de son discours à… la laïcité. Enfin un thème « de gauche » susceptible de rencontrer un écho parmi les enseignants. Les délégués, pour une fois capables de surmonter les clivages entre tendances, applaudissent. Ce déchaînement médiatique et politique s’accompagne de nombreuses enquêtes sur « ce qu’on ne peut pas dire sur l’islam ».

Mais on aurait tort de n’y voir qu’une simple diversion. « La guerre contre le terrorisme » et la lutte contre ceux qui chercheraient à mettre en cause la laïcité deviennent les axes des programmes des principales forces politiques. Le Front national (FN, aujourd’hui Rassemblement national) a réussi à imposer à tous la problématique de l’identité.

C’est dans ce contexte que se réunit une commission qui va être manipulée par son rapporteur, Rémy Schwartz. Le haut-fonctionnaire ne cache pas ses préférences pour une loi contre le foulard, et son adhésion à la vision imposée par le pamphlet islamophobe, Les Territoires perdus de la République, (1)
dont il fait l’éloge publiquement. Il veut donc arracher à tout prix une unanimité contre le foulard, question qui n’est pourtant abordée qu’en fin de travaux. Il sélectionne les témoignages pour imposer l’idée selon laquelle les lycées et les hôpitaux seraient les victimes d’une offensive concertée qui « testerait les défenses de la République ». Jean Baubérot, dont nous publions le témoignage ci-dessous, (2) sera le seul à s’abstenir sur le rapport. Après avoir demandé à plusieurs reprises que l’on auditionne d’autres enseignants que ceux sélectionnés, il se voit opposer une fin de non-recevoir. À aucun moment ne sont auditionnés des chefs d’établissement pour que la question se règle sur le terrain, par la discussion.

Autre membre de la commission, le sociologue Alain Touraine explique comment, malgré son insistance, l’équipe permanente autour de Schwartz n’a jamais pris la peine de chercher des interlocutrices musulmanes. Sans même parler du refus – levé le dernier jour, alors que les jeux étaient déjà faits – d’entendre des femmes portant le foulard. La commission avait pourtant auditionné sans état d’âme le FN. Au final, la commission permettra d’entériner une remise en cause fondamentale de la loi de 1905 et l’imposition d’une laïcité punitive.

Il faudra attendre le mois de juillet 2004 pour que Bernard Stasi le reconnaisse : « La presse et les pouvoirs publics semblent n’avoir retenu, dans le rapport de la commission sur la laïcité, que l’interdiction des signes religieux à l’école, alors qu’il y avait aussi des propositions positives. C’est une erreur que je ne comprends pas et que je regrette » (3).

. Une erreur, vraiment ?

Charles Mercier. — Parallèlement à la mission parlementaire Debré, reprenant une suggestion du rapport Baroin (juin 2003), le président de la République, Jacques Chirac, institue en juillet 2003 une commission chargée de « réfléchir à l’application du principe de laïcité dans la République », dont la présidence est confiée à l’ancien député centriste Bernard Stasi. Jean Baubérot, vous avez fait partie de cette commission Stasi, dont vous avez vécu les travaux de l’intérieur. Vous avez d’ailleurs analysé, en sociologue, la dynamique des travaux. Vous qui êtes classé à gauche, est-ce que vous avez hésité avant d’accepter d’intégrer cette commission initiée par un pouvoir de droite ? Comment avez-vous perçu sa manière de fonctionner ?

Jean Baubérot. — Non, je n’ai eu aucune hésitation. Titulaire de la chaire « Histoire et sociologie de la laïcité » à l’École pratique des hautes études, j’estimais, étant rétribué sur fonds publics, que je devais accepter les diverses sollicitations du politique. Or, dans la période entre le 11 septembre 2001 et les débats sur la loi de 2004, celles-ci furent nombreuses, de l’extrême gauche à la droite de gouvernement. D’autre part, nous avions tous voté Jacques Chirac, pour éviter Jean-Marie Le Pen, au second tour de la présidentielle de 2002 et cela créait un certain climat « d’axe républicain ». D’ailleurs, dans ce cadre, j’étais déjà un « visiteur du soir » de l’Élysée en vue de préparer le centenaire de la loi de 1905. Avec Régis Debray nous avions soumis de grandioses projets au président de la République, ceux-ci tombèrent à l’eau, suite au vote de la loi du 15 mars 2004. C’est un fait peu connu mais important : au vu des réactions nationales et internationales que cette loi a suscitées, la célébration du centenaire fut confiée à l’Académie des sciences morales et politique afin d’être aseptisée. Enfin, l’Élysée m’avait assuré que la commission serait pluraliste, transpartisane, ce qui a bien été le cas.

Oui, j’ai tenté ensuite d’analyser comment la commission a fonctionné, comment un esprit de groupe et une idéologie dominante se sont constitués, comment et pourquoi il y a eu, à la fin des séances, un processus de persuasion mutuelle (4).

Quelques points : la commission a passé l’essentiel de son temps à rédiger un rapport et il n’est pas facile pour vingt personnes d’opinions diverses de se mettre d’accord sur un texte ! Certains commissaires se disputaient parfois pour des virgules, dans la croyance un peu naïve que ce rapport serait considéré comme le centre de leur travail. Quant aux recommandations, celle qui a été, de loin, la plus discutée par la commission a été le projet concernant les jours fériés, afin d’y inclure une fête juive et une fête musulmane. Nous voulions présenter une proposition réaliste, tenant compte des contraintes de l’école et de celles des entreprises. Nous y avons réussi mais cela nous a pris pas mal de temps, et le politique n’a pas pris en compte notre proposition.

Ces différents facteurs ont fait que nous avons pris pas mal de retard et la question du voile n’est arrivée en débat que le dernier jour de nos travaux. Mais elle avait été progressivement, et habilement, mise sur orbite par le staff, opérant un court-circuit entre droit des femmes et laïcité. Un seul exemple, très significatif, pour illustrer cela : trois talentueuses jeunes-femmes – elles avaient fait l’École nationale supérieure (ENS) ou l’École nationale d’administration (ENA) – nous servaient, en début de séance, le café et des croissants. Ce fait, assez étonnant, réducteur quant au genre, n’était pas dû au hasard : elles en profitaient pour discuter avec nous et je me souviens que l’une d’entre elles m’a dit, avec un charmant sourire : « Monsieur Baubérot, vous qui êtes féministe, vous allez, bien sûr, voter en faveur de l’interdiction du voile » !

D’une manière générale, si la commission avait abordé frontalement les droits des femmes, elle aurait dû traiter bien d’autres problèmes. La suite l’a amplement prouvée, mais on le savait déjà : en juin 2003, au moment où elle se constitue, est publiée la grande Enquête nationale sur les violences envers les femmes en France (Enveff). Effectuée, suite à une demande ministérielle, par une équipe pluridisciplinaire, elle met en évidence l’ampleur de l’omerta qui règne sur les violences faites aux femmes et évalue le nombre de viols annuels à environ 50 000. Pour la laïcité, progressivement, il a été clair qu’aucune modification ne serait faite au subventionnement public des écoles privées sous contrat, et que le contrôle de leurs obligations ne serait pas renforcé ; de même, (suscitant la double protestation d’Henri Pena-Ruiz et de moi-même), on a fait l’impasse sur tout examen sérieux de la situation en Alsace-Moselle, où la loi Jules Ferry laïcisant l’école publique et la loi de 1905 séparant les Églises de l’État ne s’appliquent pas.

Donc, par ce court-circuit entre droits des femmes et laïcité, le port du foulard est, in fine, advenu au premier plan. J’ajouterai que la mise en forme de nos séances et du rapport a été assurée par l’adjoint du rapporteur, un certain Laurent Wauquiez. J’ai protesté, à plusieurs reprises, sur la façon dont il biaisait nos travaux.

Ch. M. — Dans cette commission, vous êtes le seul à vous être abstenu sur la section du rapport préconisant l’interdiction du vote des signes religieux ostensibles. Mais, après la remise du rapport, d’autres membres de la commission, comme René Rémond, ont regretté d’avoir voté le rapport et ont dénoncé le projet de loi du 15 mars 2004. Avez-vous aussi cherché à peser, entre janvier et mars 2004, pour tenter de faire bouger les équilibres ?

J. B. — À la fin des travaux de la commission, le 9 décembre, (5) j’ai émis deux propositions : la première, pour l’honneur car elle n’avait aucune chance d’être adoptée, consistait à transformer en loi l’avis de 1989 du conseil d’État ; celui-ci tolérait un port non-ostentatoire de signes religieux par les élèves et sanctionnait certains comportements. J’avais travaillé l’élaboration d’une proposition de loi avec un juriste. Ma seconde proposition, plus réaliste au vu de l’évolution de la commission (que l’on peut résumer par la métaphore de l’entonnoir), consistait à indiquer que les « tenues religieuses ostensibles » étaient interdites (mais pas les « signes ») et que, dans le rapport, il serait précisé que le bandana n’en était pas une, donc, n’avait pas à être prohibé comme le port du voile, de la kippa et des pseudo grandes croix. Je reste persuadé que si ce compromis avait été adopté, la suite des événements aurait pu être différente. Mais l’équipe a refusé de le mettre aux voix et la commission n’a pas protesté. Je me suis donc abstenu, ne voulant pas adopter une mesure mettant le doigt dans un dangereux engrenage, mais ne voulant pas non plus, en votant contre, risquer de me faire instrumentaliser par l’islamisme politique. D’autre part, pour moi, comme d’autres faits sociaux, le port du voile est marqué d’ambivalence.

Cependant, il est intéressant de préciser que, lors du vote, en fin de matinée, nous étions trois à nous être abstenus. Le rapporteur, Rémy Schwartz, déclara alors que nous avions l’après-midi pour changer d’avis. Comme certains m’avaient confié leurs doutes, j’ai déclaré : « Tant mieux, nous serons alors six ou sept à nous abstenir ». Cela amena Schwartz à préciser que le changement de vote possible ne concernait que les trois abstentionnistes ; pour les autres, « c’est fini » indiqua-t-il ! C’est ainsi que, finalement, je me suis trouvé le seul à m’abstenir.

En réponse à votre seconde question : non, je n’ai pas tenté de modifier le cours des choses, au début de 2004, car le discours de Chirac, le 17 décembre 2003, juste après la remise du rapport, montrait que les jeux étaient déjà faits. J’ai d’ailleurs trouvé l’attitude de René Rémond et d’Alain Touraine à ce sujet un peu pathétique. Pour ma part, je me suis plutôt préoccupé de contrer le récit légendaire qu’ils propageaient, prétendant que la commission n’avait pas eu d’autre choix, et nous avons alors échangé des mots assez durs. D’autre part, le ministère des affaires étrangères m’a confié la direction du panel « Religion et politique » dans un forum, organisé par Jacques Chirac, qui réunissait des représentants des gouvernements des deux rives de la Méditerranée et du Golfe arabo-persique. Et il était clair que mon abstention était une des raisons de ma désignation. J’ai été d’accord pour endosser cette responsabilité ; en effet, il m’a semblé important, vis-à-vis de certains pays, de montrer qu’en France on pouvait critiquer la politique du gouvernement sans se retrouver en prison, mais, au contraire, en continuant à recevoir des missions officielles.

Ch. M. — Dans l’exposé des motifs de la loi du 15 mars 2004, il est écrit : « Ce texte s’inscrit dans le droit fil de l’équilibre qui s’est construit patiemment depuis des décennies dans notre pays autour du principe de laïcité. Il ne s’agit pas, par ce projet de loi, de refonder la laïcité ». Est-ce que malgré cette déclaration d’intention, la loi n’a pas exprimé et produit une nouvelle laïcité, conçue non plus comme un principe garantissant la neutralité de l’État mais comme un instrument d’acculturation aux valeurs républicaines ? Est-ce que la loi n’a pas accéléré la cristallisation d’un nouvel imaginaire de la laïcité ?

J. B. — La loi de 2004 a-t-elle instauré une « nouvelle laïcité » ? Non et oui. Non car, durant le mandat de Chirac, la loi est restée conforme à l’esprit dans laquelle la commission Stasi l’avait proposée : une exception, limitée par la mention explicite des signes ostensibles interdits à des élèves mineurs, dans une liberté qui restait la règle générale. D’ailleurs, conformément à une autre proposition de la commission, Chirac a créé la Haute autorité de lutte contre les discriminations et pour l’égalité (HALDE), et celle-ci a soigneusement veillé à ce que la loi ne déborde pas de son cadre. Mais, à la présidentielle de 2007, Nicolas Sarkozy l’a emporté sur Ségolène Royal : il a normalisé puis supprimé la HALDE (ce que n’aurait certainement pas fait cette dernière). Ensuite, il fait voter la loi de 2010, interdisant le port du niqab dans l’espace public, et son ministre Luc Chatel a interdit le port du foulard aux mères de familles accompagnant les sorties scolaires. La normalisation, puis la suppression de la HALDE, à mon avis, a joué un rôle essentiel, souvent oublié, dans l’établissement de la nouvelle laïcité.

Cependant, oui, la loi de 2004 marque le début d’un glissement de la neutralité arbitrale de l’État vers des mesures de neutralisation vestimentaire d’individus. La circulaire de Luc Ferry (ministre de l’Éducation nationale en 2004) a d’ailleurs accentué cette dérive. Contrairement à la commission, elle a évoqué la possibilité d’étendre la loi à d’autres signes que ceux explicitement proscrits. Dès lors, la boite de Pandore pouvait être totalement ouverte : port du burqini, de robes longues, du foulard dans les entreprises accomplissant une mission de service public, etc. Effectivement, un nouvel imaginaire de la laïcité a prévalu. Je rappelle ce qu’Aristide Briand avait énoncé en 1905 : aux yeux de l’État laïque, la tenue des prêtres, la soutane, « est un vêtement comme un autre ». Cela signifie que la laïcité ne se préoccupe pas de savoir si un vêtement est religieux ou non, car un vêtement est de l’ordre du réversible, une tenue ne porte pas atteinte à la liberté de conscience. Advient donc, à partir de 2004, et encore plus après 2007, une « nouvelle laïcité » qui tourne le dos à la laïcité historique et se nourrit d’affaires médiatisées ; elle avantage les écoles privées sous contrat en édictant une interdiction valable pour les élèves des seules écoles publiques. (6)

Ch. M. — Y a-t-il un continuum avec les décisions politiques ultérieures sur la laïcité ? Avec 20 ans de recul, peut-on dire que le vote de cette loi impulse un nouveau cycle ? Dans quelle mesure la présidence de François Hollande, marquée par la création de l’Observatoire de la laïcité, a marqué une inflexion ? Et celle d’Emmanuel Macron ?

J. B. — En réponse à cette question, j’indiquerai que Sarkozy avait confié le dossier « laïcité » au Haut conseil à l’intégration, ce qui revenait à dire que la laïcité concernait avant tout les immigrés et leurs descendants. Les Franco-français étaient, tel Obélix, tombés dans la marmite laïcité à leur naissance ! François Hollande et Jean-Marc Ayrault ont enlevé le dossier laïcité au HCI et ils ont créé l’Observatoire de la laïcité, ce qui, avec l’instauration du mariage de personne de même sexe, restera la mesure la plus positive de ce quinquennat. Mais les attaques que l’Observatoire a subies, dès 2016 avec Manuel Valls, et sa fin actée par Macron, en 2021, montrent la puissance du lobby de la nouvelle laïcité. Alors, bien sûr, les attentats terroristes ont joué un rôle déterminant. Reste qu’en pratiquant des amalgames et une laïcité à géométrie variable, donc discriminante (cf. l’attitude différente des autorités envers les lycées Averroès et Stanislas), on met en œuvre une laïcité inefficace, contreproductive : en fait, on sert la soupe à ceux-là même que l’on prétend combattre.

Alain GRESH, Jean BAUBEROT, Charles MERCIER

»»https://orientxxi.info/magazine/aux-origines-d-une-nouvelle-laicite-pl…

URL de cet article 39461
https://www.legrandsoir.info/il-y-a-vingt-ans-la-loi-contre-le-voile-aux-origines-d-une-nouvelle-laicite-plus-punitive-plus-excluante.html

♦ France : invisibilisation de la Palestine et défense publique du génocide


En France règne une véritable « omerta » sur la situation dramatique en Palestine, comme l’explique Al-Mayadeen dans la première partie de cet article. Dans la seconde partie, nous faisons part d’un incident dont nous avons eu connaissance et qui s’est produit lors d’un conseil municipal en France, à l’occasion d’une échange – très confus par ailleurs – sur la Palestine. Des propos racistes et en défense du génocide ont été tenus, sans aucun complexe et sans qu’aucune mesure de rétorsion ne soit prise. Peut-être y aura-t-il cependant des suites sur le plan judiciaire.

De l’invisibilisation…

Une analyse publiée par RFI montre que l’information sur la guerre de Gaza disparaît peu à peu des grands écrans français, notamment du journal quotidien de 20 heures sur TF1, France 2 et M6, et que la faible durée d’antenne accordée à cette question est choquante.

La chercheuse en anthropologie des médias Celia Chirol, la première à avoir étudié la couverture française des événements, a déclaré : « Il s’agit d’un véritable manquement au devoir d’information », ajoutant : « Sur les 20 journaux télévisés analysés du 8 au 14 janvier, seules 29 secondes d’antenne ont été consacrées à Gaza et au sort des Palestiniens ».

Chirol a décrit ce manque d’informations sur Gaza et de mises à jour sur la situation en Palestine comme l’« invisibilité » des Palestiniens, les informations sur le mouvement MeToo dans le cinéma français et le dernier film de Jennifer Lopez étant considérés comme bien plus importants.

« Arrêt Sur Images », une émission qui s’intéresse aux biais des médias et à leur impact sur la perception du public, a obtenu des résultats similaires à ceux de Chirol.

Du 4 au 15 février, l’émission a dénoncé les journaux télévisés de TF1 et de France 2 après avoir découvert que seules cinq minutes avaient été consacrées à Gaza au cours de 30 heures d’antenne et 46 bulletins d’information.

Autre révélation choquante, aucune chaîne d’information française n’a fourni un bilan exhaustif du nombre de morts à Gaza pendant cette période, les reportages se limitant à des zooms sur les captifs, dont plusieurs sont français, et à des annonces du cabinet « d’Israël ».

L’association française de surveillance des médias Acrimed, a effectué sa propre analyse de la manière dont les médias français ont présenté la guerre, en affirmant que « cela peut sembler paradoxal à première vue, mais le silence fait partie du bruit médiatique, et ce qui est gardé sous silence n’est pas moins intéressant que ce qui est dit ».

Cette déclaration a été publiée alors qu’elle faisait état d’un « processus de marginalisation » de la bande de Gaza assiégée et des Palestiniens.

… à la défense du génocide

La séance du conseil municipal de Prades-le-Lez le 7 février dernier (municipalité à majorité Verts) est disponible en ligne sur le compte Facebook de la Mairie. L’incident qui nous occupe est en tout début de séance. Il y a été fait allusion par l’opposition dans la revue de la municipalité sortie peu après, mais il est totalement absent du compte-rendu écrit.

Au vu de la pauvreté des échanges et des commentaires qui s’en sont suivis, il est possible de se demander si une « invisibilisation » de la question n’aurait pas été préférable… Dans tous les cas, cet incident illustre à la perfection l’ambiance d’autocensure et de crainte qui domine une grande part de la société française et de ses élus dès qu’il est question de la Palestine.

Nous vivons véritablement des « années de plomb ».

Transcription :

Madame le maire :

« Avant de commencer…YF nous a envoyé un mail nous proposant une minute de silence pour les 42 français ou franco-israéliens qui ont été tués le 7 octobre.
Il y a eu aujourd’hui aux Invalides une commémoration nationale ; évidemment les municipalités, les conseillers municipaux ne sont pas appelés à s’y associer ou à marquer une minute de silence.

Chacun peut s’exprimer là-dessus, en tout cas si minute de silence il y a, je pense qu’il est bon de rappeler que lors de cette attaque du 7 octobre… cette attaque a fait au moins 1 200 morts et plus de 7 500 blessés et à priori, 138 personnes seraient encore retenues en otage.

Je pense qu’il est aussi bon de rappeler que suite à ça… en tout cas souligner que l’escalade dramatique qui s’en est suivie sur le territoire palestinien sur la bande de Gaza compterait plus de 27 500 personnes de tuées, dont près de 5 000 enfants, 10 000 blessés.

Il faut savoir que les femmes et les enfants représentent 70% des victimes, lors des frappes en Palestine. Selon l’UNICEF. Ces frappes se sont étendues en Cisjordanie occupée, et au total, ce serait toujours selon l’UNICEF, plus de deux millions de personnes qui auraient besoin d’aide humanitaire dans ce territoire.

Voilà.

Bien évidemment, nous ne pouvons qu’être solidaires de ce peuple mais également bien sûr des personnes qui ont été tuées en Israël lors de l’attaque du 7 octobre.

Donc par rapport à cette minute de silence, je ne sais pas si quelqu’un veut s’exprimer ? »

(silence de plomb)

L’élu à l’initiative de la proposition :

« Merci. En fait mon initiative nait finalement d’une volonté de s’associer à l’hommage national qui a été rendu par le président de la République ce matin dans la cour des Invalides. Il a signalé alors les chiffres que tu as rappelés. Qu’il y a eu 43 victimes françaises ou franco-israéliennes – elles n’étaient pas toutes franco-israéliennes – et qu’il y a encore trois otages français qui sont détenus par le Hamas. Je ne dis ni plus ni moins que ce qu’à dit le président Macron, et je pensais que nous, en tant que représentation municipale, locale, même si ce n’est pas de droit évidemment, nous pourrons avoir cette pensée, cette commémoration, sous cette forme-là. Voilà. »

Madame le maire :

« Bon, qu’est-ce que vous en pensez ? »

(silence de plomb)

« Une minute de silence ? Bon, faisons une minute de silence mais pour l’étendre si tu veux bien à toutes les victimes de ce conflit ? Ca te va ? »

L’élu :

« Hum… Je ne vais pas polémiquer sur le conflit au Moyen-Orient ce n’est pas notre sujet. Je m’associe à un hommage national, et l’hommage national ne concernait que les victimes françaises. Et je m’associe à l’hommage national de ce matin. Il est évident que je m’associe par ailleurs à un … comment dire … un hommage à toutes les victimes de ce conflit Mais attention… c’est comme au temps du nazisme… toutes les victimes ne se valent pas ! »

Quelques remarques pour conclure :

– ce genre de propos peut tomber sous le coup de la loi du 29 juillet 1881 sur la liberté de la presse, article 24, modifié par la loi n°2021-1109 du 24 août 2021 – art. 38 ; nous verrons si une organisation de défense des droits décidera de se porter partie civile pour instruire une plainte

– le fait que ces propos ont été tenus en public est une circonstance aggravante

– il est fort regrettable que des précisions n’aient pas été demandées par des élus ; puisque « l’évaluation » de la « valeur » entre des victimes ne serait pas un rapport de un pour un , quelle barême faut-il adopter, du moins dans la tête de cet élu en charge d’une délégation à la culture (!)… Dix bébés ou enfants palestiniens pour un Israélien ? ou 100, ou mille ? Et combien de femmes et d’hommes palestiniens ?

– l’allusion au nazisme lorsqu’il est question des Palestiniens est une invention du courant ouvertement fasciste présent dans le gouvernement israélien, et cette manipulation éhontée est reprise aujourd’hui par tous les soutiens extérieurs et déclarés du génocide en cours dans la bande de Gaza

– le maire dispose des pouvoirs nécessaires pour révoquer la délégation de cet élu, même de façon temporaire le temps d’une discussion et d’une procédure décidée en interne ; mais ce droit n’a pas été utilisé et c’est aujourd’hui business as usual.

Note : Pour les liens se reporter à l’article sur Chronique de Palestine

»» https://www.chroniquepalestine.com/invisibilisation-de-la-palestine-et…

URL de cet article 39439
https://www.legrandsoir.info/france-invisibilisation-de-la-palestine-et-defense-publique-du-genocide.html

♦ Qui conseille le chef de guerre au sommet de l’État Français ? 


Depuis l’intervention de la Fédération de Russie en Ukraine le 24 février 2022, Emmanuel Macron se pose en chef de guerre incontesté en Europe. Ce doit être une idée fixe chez lui, car le 16 mars 2020, au début de la « crise sanitaire », ce dernier martelait au peuple français : « Nous sommes en guerre, en guerre sanitaire certes. Nous ne luttons ni contre une armée ni contre une autre nation, mais l’ennemi est là, invisible, insaisissable, et qui progresse… » (1) 

Je supposais à tort que son instinct guerrier allait s’amenuiser avec le temps. Or, ce « modus operandi intellectuel supposé temporaire » est devenu, malheureusement, permanent. Sa véritable nature perturbée s’étale de plus en plus et la question de sa légitimité à la tête de l’État se pose de plus en plus. Il n’est pas le seul dans ce cas. Joe Biden, 46e président des Etats-Unis, semble ne pas avoir tous ses neurones bien alignés. Le problème est qu’Emmanuel Macron et Joe Biden dirigent des pays possédant le feu nucléaire et qu’ils peuvent, d’un clic, transformer cette planète en une fournaise inhabitable.

Élevé et biberonné par les anges gardiens de la République, l’ENA et la banque Rothschild, notre chef de l’État et des armées semble être tout émoustillé à l’idée de faire pleuvoir des bombes sur la Fédération de Russie. Tel un Néron qui regardait avec exaltation Rome en flammes, jouirait il en secret de voir Paris dévasté ? Le problème, avec les irresponsables, réside dans leur imprévisibilité. Entouré d’une caste technocratique, arrogante et définitivement déconnectée, plus centrée à conserver leurs privilèges qu’à contrarier « Jupiter », le bénéfice collectif de la nation est quasiment réduit à zéro.

Un élan de folie collective a propulsé à la tête de l’État, en 2017, un jeune président ayant épousé une femme de la génération des « boomers ». Toutes les générations ont été séduites et l’ont porté au pinacle. J’étais loin de me douter, qu’avec un bilan aussi désastreux de son premier quinquennat, les Français allaient en redemander en 2022. Comme dit le proverbe : « L’erreur est humaine, mais persévérer est diabolique » (attribué à Sénèque).

Voici quelques dates clé de l’escalade du chef de guerre français :

24 février 2022. Ukraine : « A cet acte de guerre, nous répondrons sans faiblesse. » (2)

29 août 2022. Extrait de son entretien avec Mateusz Morawiecki, Président du Conseil des ministres de Pologne. « Nos échanges de ce jour porteront bien évidemment sur la guerre en Ukraine et sur notre détermination commune à soutenir l’Ukraine pleinement, aussi longtemps que cela sera nécessaire. » (3)

31 décembre 2022. A l’occasion des vœux présentés aux Français, il avait envoyé un message aux Ukrainiens : « Nous vous aiderons jusqu’à la victoire », « soutien sans failles ». En clair : Il venait de déclarer, de facto, la guerre à la Russie, mais il nous souhaitait une bonne année et une bonne santé. (4)

17 et 18 février 2023. Les leaders occidentaux étaient réunis à la conférence de Munich pour un « Davos de la sécurité internationale ». Emmanuel Macron y a accusé la Russie d’être une « puissance de déséquilibre et de désordre ». (5)

16 février 2024. Emmanuel Macron a demandé au gouvernement de faire, devant le Parlement, une déclaration « relative à l’accord bilatéral conclu avec l’Ukraine » suivie d’un débat et d’un vote. Cet accord de sécurité « inscrit notre soutien à l’Ukraine dans la durée pour faire échec à la guerre d’agression de la Russie. » Dans ce texte, signé avec Volodymyr Zelensky à Paris, la France s’engage à fournir en 2024 « jusqu’à trois milliards d’euros d’aide militaire supplémentaire » à Kiev, après un soutien qu’elle chiffre à 1,7 milliard en 2022 et 2,1 milliards en 2023. Soit un soutien civil et militaire dans la durée… (6)

26 février 2024. Le chef de l’Etat avait affirmé que l’envoi en Ukraine de troupes au sol ne devait pas « être exclu », au nom d’une « ambiguïté stratégique ». La plupart des autres pays européens et même les Etats-Unis, se sont démarqués de cette position, tout comme les opposants en France. Quant au Kremlin, il a accusé et à juste titre, le président français « d’augmenter le niveau d’implication directe de la France » dans le conflit.

7 mars 2024. Ayant réuni les chefs de parti à l’Élysée, ses paroles ont été sans ambiguïtés. Extrait de l’hebdomadaire Le Point. « Guerre en Ukraine. Ce qu’a dit Emmanuel Macron aux chefs de parti : aucune limite, aucune ligne rouge… au soutien de la France à l’Ukraine ». Tous les responsables des partis politiques présent sont ressortis inquiets par les propos du président de la République. (7) Mais après, dans le salon des Ambassadeurs, tous les partis d’opposition sont tombés d’accord, pour dire qu’il fallait « apporter un soutien indéfectible à l’Ukraine ». Il faudrait savoir ! D’un côté, les principaux responsables des partis politique sont inquiets, et de l’autre il faut soutenir Zelensky et ses bataillons aux relents néo-nazi. – Azov, Centre Droit, Aidar…- (8)

Depuis l’opération spéciale lancée en Ukraine le 24 février 2022 par la Russie, une partie du haut commandement militaire s’exprime régulièrement dans les médias. Des généraux, tels que Yakovleff, Goya, Trinquand, Pellistrandi, Minguet, multiplient les interviews. Leurs analyses séduiront certainement les férus de l’art de la guerre et conforterons les soutiens inconditionnels de la « suprématie » de l’armée ukrainienne face à « l’infériorité » de l’armée de la Fédération de Russie. Présentées finement, leurs explications comportent immanquablement une plaidoirie en faveur d’un rehaussement constant du budget des armées. Plus de bombes, plus de chars, plus de balles, plus de destructions, donc plus de morts. (9)

Éminence grise de l’Élysée, Isabelle Dumont, est une experte de l’Ukraine qui a soufflé dans l’oreille de François Hollande et d’Emmanuel Macron. Inconnue du grand public, parlant quatre langues, elle fait partie du cercle restreint des conseillers de la présidence. Entre 2015 et 2019, elle a été ambassadrice à Kiev et a ensuite intégré le pôle diplomatique de l’Élysée. Elle connaît l’Ukraine sur le bout des doigts et considère que la guerre dure, en réalité, depuis 2014, date du coup d’Etat de l’Euromaïdan. Elle a fait partie du groupe de travail de négociations sur les accords de Minsk, signé le 5 septembre 2014. Accords qui n’ont jamais été respectés par les gouvernements ukrainiens. Depuis le 14 décembre 2023, elle a été postée ambassadrice à Ankara en Turquie. Le problème est qu’Isabelle Dumont ne semble pas avoir dénoncé les bombardements incessants causés par les différents gouvernements ukrainiens dans la région du Donbass depuis 2014, alors qu’elle en a été un des témoins directs : plus de 18 000 morts dont beaucoup de civils. Pourquoi ? (10) et (11)

Son remplaçant en Ukraine s’appelait Etienne Poncins. En poste depuis 2019 à Kiev, il cède sa place le 18 août 2023 à Gaël Veyssière. Voici son message posté sur le site « La France en Ukraine » à cette date sur X : « Alors que je quitte mes fonctions, je veux redire le soutien indéfectible de la France à l’Ukraine et notre admiration pour sa courageuse résistance à l’agression russe. ». Totalement en phase avec l’OTAN et la politique de la France.

Le nouvel ambassadeur à Kiev s’appelle Gaël Veyssière. A peine arrivé, il montre qu’il soutiendra sans faille la politique jusqu’au boutisme d’Emmanuel Macron. Extrait de son discours du 24 janvier 2024 : « Il n’y a pas de paix durable sans justice et sans sanction. La France y contribuera » « Dans sa tribune pour Європейська правда (European Pravda), l’Ambassadeur de France en Ukraine Gaël Veyssière détaille la poursuite du soutien de la France à l’Ukraine en 2024… » (12)

Ces ambassadeurs doivent être atteints du « syndrome de Stockholm ». En effet, un décret a été publié le 17 avril 2022 annonçant la suppression du corps diplomatique dès 2023. Cette mesure s’inscrit dans le cadre de la réforme de la haute Fonction publique d’Emmanuel Macron, envisageant la suppression des conseillers des affaires étrangères et des ministres plénipotentiaires. Les 800 hauts fonctionnaires du ministère des Affaires étrangères avaient jusqu’au 1er janvier 2023 pour choisir de rejoindre le pot commun des « administrateurs d’État ». Ceux qui refusaient cette transition risquaient de ne pas voir leur contrat renouvelé à l’échéance de 2023.

Abordons maintenant le nerf de la guerre. Qui finance le complexe militaro-industriel ? (13) Ce sont évidemment vos impôts. Grâce à l’émergence, depuis les années 1990, de fonds cotés en bourse (ETF 14), beaucoup de financements ont été possibles sans que cela n’attire l’attention du grand public.

Le 30 juin 2022, au cours d’une cérémonie de signature organisée par le secrétaire général de l’OTAN, Jens Stoltenberg, les dirigeants et les ministres de 22 pays de l’Alliance ont lancé le fonds OTAN pour l’innovation, premier fonds de capital risque « multi souverain » au monde. Voici un extrait de sa déclaration : « Ce fonds est unique en son genre. Grâce à son horizon d’investissement à 15 ans, il va permettre de développer des technologies naissantes qui ont le potentiel d’induire des changements profonds pour notre sécurité dans les décennies à venir, en soutenant l’écosystème d’innovation de l’Alliance, ce qui renforcera la sécurité de la population de nos pays, soit un milliard de personnes. »

Le 1er août 2023, vingt-trois pays de l’Alliance (OTAN) sont officiellement devenus associés commanditaires du Fonds OTAN pour l’innovation (NIF). C’est le « premier fonds de capital-risque multi souverain au monde », qui va investir 1 milliard d’euros dans des start-ups technologiques du secteur de la défense. L’industrie de la défense a retrouvé des couleurs et de l’intérêt auprès des investisseurs depuis le début de la guerre en Ukraine. Les budgets militaires ont explosé pour le plus grand plaisir des marchands d’armes.

Actuellement en Europe, les engagements d’aide militaire pour l’Ukraine ont augmenté de manière spectaculaire pour atteindre la fabuleuse somme de 50 milliards d’euros. Le complexe militaro industriel européen n’a pas la capacité de produire aussi vite que celui de la Russie et pourtant, il continue de percevoir l’aide ukrainienne via le fonds spéculatif EFT de l’OTAN.

Pour produire plus d’obus, les lobbies militaires réclament plus d’aide des États pour générer encore plus de bénéfices. Emmanuel Macron a suivi cette tendance depuis 2022, en augmentant le budget du ministère des armées tout en déclarant sa volonté de créer une économie de guerre et un complexe militaro-industriel français.

En 2024, la France est devenue le deuxième marchand d’armes du monde, et l’Ukraine le troisième importateur d’armes. (15) À ce propos, une question : je n’ai jamais entendu parler de mouvement de grèves dans les usines d’armement. Curieux, non ? 

Et la paix dans tout ça ? Avec des va-t-en-guerre au sommet de beaucoup de pays de l’UE, des Etats-Unis et d’Israël, elle joue les abonnés absents. Ceci implique que la responsabilité de chacun de nous est engagée. Chaque personne peut influencer le cours de l’histoire. Le futur n’est pas écrit. Il sera ce que la population dans son ensemble en fera. Habiter un havre de paix ne dédouane en rien de ses responsabilités envers ses voisins et les peuples de la Terre. Continuer à faire l’autruche est le moyen le plus rapide pour que cette planète finisse un jour par exploser. Chaque personne a le pouvoir de dire non. Chaque personne peut s’élever contre des lois et des ordres liberticides. Chaque personne peut dire non à la guerre et à la misère. C’est juste une question de bon sens. Mais encore faut-il le vouloir.

Claude Janvier.

Écrivain, essayiste et chroniqueur de l’émission hebdomadaire « Libres Paroles » sur TV ADP. Intervenant régulier sur RT France et des médias libres et indépendants. Son dernier livre : Les Démasqués, Qui dirige réellement le monde ?.

Notes :

(1) https://www.decideurs-magazine.com/politique-societe/37904-nous-sommes…

(2) Ukraine : « A cet acte de guerre, nous répondrons sans faiblesse », déclare Emmanuel Macron (lanouvellerepublique.fr)
 
(3) Prononcé le 29 août 2022 – Emmanuel Macron 29082022 Conflit en Ukraine | vie-publique.fr

(4) Prononcé le 31 décembre 2022 – emmanuel macron 31122022 voeux 2023 aux francais | vie-publique.fr

(5) Guerre en Ukraine. Réquisitoire de Macron, vers un soutien du FMI à l’Ukraine… Le point sur la nuit (ouest-france.fr)

(6) Guerre en Ukraine. Accord de sécurité : Macron lance un débat, avant un vote au Parlement (dna.fr)

(7) https://www.lepoint.fr/politique/guerre-en-ukraine-que-compte-faire-ma…

(8) Emmanuel Macron prône un soutien sans « aucune limite » à Kiev, au risque de s’isoler sur la scène politique française (lemonde.fr)

(9) Guerre en Ukraine : dans le cerveau des hauts gradés de l’armée française (rtl.fr) Jérôme Pellistrandi : « Faute de munitions, l’Ukraine peut perdre des batailles décisives mais pas la guerre » (marianne.net) https://www.lexpress.fr/societe/si-les-russes-nous-avaient-attaques-l-…

(10) https://www.emilemagazine.fr/article/2022/11/1/isabelle-dumont-lexpert…

(11) https://www.diplomatie.gouv.fr/fr/dossiers-pays/ukraine/video-diplomat…

(12) https://ua.ambafrance.org/Il-n-y-a-pas-de-paix-durable-sans-justice-et…
 
(13) Paragraphe cité dans l’ouvrage de Claude Janvier et de François Lagarde : L’Etat Profond Français. Qui, comment, pourquoi ? KA Editions. Mai 2024.

(14) Un ETF (Exchange-Traded Fund) est un produit financier, similaire aux actions ou aux obligations, émis par des sociétés de gestion agréées. Contrairement à d’autres fonds, les ETF sont cotés en continu et peuvent être achetés ou vendus tout au long de la journée comme des actions. L’innovation réside dans le fait que, grâce à un seul ordre, les investisseurs peuvent diversifier leurs placements dans toute une série d’entreprises, regroupées dans un « pot » commun avec d’autres investisseurs. Les ETF répliquent généralement un indice boursier, offrant ainsi une diversité d’investissements, allant des grandes entreprises mondiales à des secteurs spécifiques tels que l’énergie verte, la technologie, la sécurité, l’armement, la cybersécurité, etc

(15) https://www.rtl.fr/actu/economie-consommation/comment-la-france-est-de…

URL de cet article 39445
https://www.legrandsoir.info/qui-conseille-le-chef-de-guerre-au-sommet-de-l-etat-francais.html

♦ L’Etat d’Israël entame sa disparition


Les plus froids, honnêtes et avisés des observateurs de la Palestine ont compris qu’en commettant un génocide, cette fois à Gaza après un autre en 82 à Sabra et Chatila, Israël se choisissait un nouveau destin, celui d’une guerre perpétuelle qui pourrait conduire à sa disparition.

« Les états coloniaux ont une durée de vie limitée. Israël ne fait pas exception. Pendant le temps qu’il va mettre á décimer Gaza, il aura signé sa propre condamnation á mort. Sa façade de civilité, son prétendu respect de « l’état de droit et de la démocratie », son histoire mythique du courage et de la naissance miraculeuse de la nation juive seront réduits en cendres, et le capital social d’Israël sera épuisé. L’Etat sera révélé comme un régime d’ apartheid laid, répressif et rempli de haine, ce qui aliénera les jeunes générations de juifs étasuniens qui devront porter ce fardeau. Le protecteur de l’état juif, les États-Unis, va, au fur et à mesure que de nouvelles générations arriveront au pouvoir, se distancer d’Israël , comme il se distancie actuellement de l’Ukraine.

Le soutien populaire de ce régime, aujourd’hui entre les mains de Netanyahou, est érodé aux Etats-Unis. Le relai est déjà pris par des fascistes étasuniens christianisés – souvent « évangéliques » – qui voient dans la domination d’Israël sur d’anciennes terres bibliques un signe avant-coureur de ce qu’ils appellent le « Second Avènement » (le retour du Messie) , et dans l’assujettissement des Arabes une forme de suprématie de la race blanche.

Le sang et la souffrance des Palestiniens – dix fois plus d’enfants ont été tués à Gaza qu’en deux ans de guerre en Ukraine – ouvriront la voie à l’oubli d’Israël. Et les dizaines de milliers de fantômes auront leur revanche. Pour ces victimes, Israël deviendra un synonyme comme les Turcs le sont des Arméniens, les Allemands les Namibiens et plus tard des Juifs, et les Serbes pour les Bosniaques. Israël sera une nation stagnante où les fanatiques religieux, les bigots et les extrémistes juifs – qui ont pris le pouvoir – domineront le discours public.

Il trouvera ses alliés parmi d’autres régimes despotiques puisqu’Il sera désormais un état paria. Cela s’est manifesté publiquement le 12 décembre dernier à New York lorsque 153 états membres de l’Assemblée Générale des Nations unies ont voté en faveur d’un cessez-le-feu ; seuls dix états – dont les Etats-Unis et Israël – s’y étant opposés. La campagne de terre brulée menée à Gaza signifie qu’il n’y aura pas de paix. Il n’y aura pas de « solution à deux Etats ».

Désormais l’apartheid et le génocide définiront maintenant ceux qui se veulent les descendants d’Abraham. Cela présage un long, très long conflit, que l’État juif ne pourra jamais gagner.

Cet article a été publié sur le site Scheerpost, le titre est celui choisi par la rédaction du Grand Soir.

Chris HEDGES

»»http://scheerpost.com

URL de cet article 39444
https://www.legrandsoir.info/l-etat-d-israel-entame-sa-disparition.html

♦ RAMADAN À PLEIN TEMPS


Jeûner c’est dans un premier temps s’abstenir de #boire, de #manger et de s’#accoupler du lever au coucher du soleil… on dit aussi faire #Ramadan pour dire faire #abstinence, c’est-à-dire se retenir volontairement et cesser de s’exciter inutilement.

#Jeûner dans un deuxième temps, c’est se tenir à l’écart du #péché, s’écarter des 7 péchés capitaux : l’orgueil, l’avarice, la luxure, l’envie, la gourmandise, la colère, la paresse…

Jeûner dans un troisième temps, c’est saisir le lien qui existe entre l’être et le temps en faisant preuve de patience, vertu par excellence qui s’oppose au vice qui pourrit la vie de toute existence : l’impatience. La légende raconte que nous avons été chassés du paradis à cause de notre impatience et que nous n’avons aucune chance d’y retourner, à cause de notre impatience.

Jeûner dans un quatrième temps c’est faire acte de pénitence. En effet, faire Ramadan c’est demander pardon… pour avoir commis tel ou tel péché et promettre de ne plus le commettre… Prouesse qui consiste au moins pendant 30 jours à tenir sa promesse.

Il paraît que le Prophète demandait pardon cent fois par jour, non pour s’éloigner du vice mais pour se rapprocher de celui qui lui donne l’envie de rendre service. En arabe, un mot et un seul nous débarrasse du démon d’ibliss : « Astaghfirullah » !

Jeûner dans un cinquième temps n’est pas le fait d’abandonner sa part du gâteau mais plutôt le fait de la donner aux autres. Il n’y a pas de Ramadan sans ce don pur et désintéressé… charité car il s’agit bien de charité, oui commence par l’oubli de soi et finit par le souci de l’autre.

Jeûner dans un sixième temps : c’est se dire j’efface tout et je recommence… je veux renaître à la vie : fêter à chaque lever du jour ma renaissance et fêter à chaque coucher : ma reconnaissance… ça tient en deux mots : al hamdoulillah ! Merci, merci et merci

Jeûner dans un septième temps… c’est se demander si c’est possible de vivre en laissant toute l’injustice du monde s’abattre sur d’autres, sans lever le petit doigt. La Palestine est désormais le premier et le dernier souci pour ceux qui ont encore la Foi.

#Palestine#ramadan#jeûner

#ramadan #jeûner #Palestine #lejournaldepersonne

♦ les soldats israéliens mettent en scène leurs crimes


Au moins 4 000 Français et Franco-israéliens participent volontairement au génocide

Dans toutes les guerres, des militaires exhibent les ennemis tués ou torturés comme autant de preuves de leur supériorité. Chacun se souvient de cette soldate américaine tenant en laisse un prisonnier dans la prison d’Abou Ghraib en Irak. Mais, jusqu’alors ce type d’images était réservé à un cercle restreint et n’arrivait au grand public que grâce à d’autres soldats indignés.

Avec les réseaux sociaux et en raison de la nature même de la guerre d’Israël contre les Palestiniens de Gaza, les bombardements, les destructions, les humiliations, sont mis en scène par des soldats, et les images partagées avec la population. Il n’y a plus d’hommes, de femmes ou d’enfants, mais des « ennemis » à abattre, des « choses » à faire disparaître. Voici quelques exemples parmi les très nombreuses vidéos publiées sur X (ex-Twitter), Instagram, TikTok etc. adressées au grand public israélien que nous avons pu visionner, vérifier, sélectionner. Et faire commenter.

Ce qui frappe en tout premier lieu c’est le nombre de photos et de vidéos venant de militaires heureux, hilares même, totalement inconscients de leurs propres crimes, tel un couple de soldats se demandant en mariage dans une école fraîchement bombardée au nord de Gaza. Ou ce militaire qui célèbre ses fiançailles avec ses camarades, comptant à rebours jusqu’à l’explosion d’une bombe dans un immeuble civil juste derrière lui.

On pourrait citer aussi ce militaire s’amusant avec des affaires abandonnées d’enfants gazaouis , ces soldats forçant un coffre-fort dans une maison, et chantant au milieu des ruines en exhibant le rouleau de la Torah, ou encore cette scène invraisemblable à Jénine, en Cisjordanie, où des guerriers au repos fument la chicha, mangent des chips ou l’équivalent, se sentent à l’aise dans la maison de Palestiniens qui apparaissent les yeux bandés et les mains menottées en arrière-plan – le tout dans une atmosphère décalée qui siérait à un groupe de copains revenant de ballade.

Toujours à Jénine, on voit un soldat chanter des prières juives au minbar d’une mosquée (là où se tient l’imam pour le prêche du vendredi). Ici, un autre militaire se vante d’avoir détruit les bâtiments de l’université Al-Azhar dans la ville de Gaza. Là, deux soldats fument une cigarette pendant la destruction d’un bloc entier d’habitations civiles. Il y a aussi cette vidéo montrant deux soldats devant un camion d’aides alimentaires destinées aux civils gazaouis, avec ce commentaire de l’un, tout sourire : « C’est le deuxième jour d’Hanouka [la fête juive des lumières] (…) que tout le monde passe de joyeuses fêtes », avant de mettre le feu aux provisions

On pourrait être surpris de voir ces images si ardemment publiées, tant elles peignent un tableau peu glorieux de l’armée qui aime à se présenter comme « la plus morale du monde ». Mais au final, il s’agit de présenter la participation à l’écrasement d’un peuple et à l’anéantissement de toute forme d’infrastructure dans l’enclave comme un divertissement. La banalité des crimes de guerre !

Un deuxième type de publications relève de la mise en scène minutieuse. Ces petits films, de courte durée, scénarisés, soigneusement écrits, montrent par exemple des soldats face caméra préparer des lance-missiles, installer des bombes pour détruire des structures civiles à Gaza sur fond de musique entraînante – mimant des tutoriels et adoptant le langage visuel des vidéos TikTok – et se féliciter de chaque explosion. D’autres s’amusent dans une maison vidée de ses habitants avant d’y mettre le feu, et finissent leur « sketch » par un « restez connectés [pour de prochaines vidéos] ».

Le dernier chic pour les militaires israéliens est de signer avec des messages plus ou moins guerriers un obus. Un geste repris par le président israélien Yitzhak Herzog lui-même, le 25 décembre 2023, lors d’une visite sur le terrain. À la demande, on peut faire dédicacer une frappe de missile à un être cher à son cœur, comme on le ferait d’une chanson à la radio. Ou, comme cette influenceuse, inscrire des messages sur les obus puis accompagner les soldats pendant qu’ils les tirent sur Gaza.

Car ce tableau serait incomplet s’il ne donnait pas à voir le rôle des influenceuses et influenceurs professionnels, dont les comptes sur les réseaux sociaux étaient déjà suivis par des millions de « followers » avant le 7 octobre. Parmi eux, le blogueur-soldat Guy Hochman que l’on peut voir, par exemple, faire un tour dans une maison gazaouie détruite, comme s’il visitait une location sur Airbnb. Sur un ton extrêmement moqueur, il pointe tour à tour le toit en lambeaux, le sol jonché de débris et de sable, les murs tagués de messages anti-palestiniens : « Tout ce séjour est gratuit en utilisant le code ‘FREE PALESTINE’ pour réserver vos vacances », ajoute-il avant d’aller se baigner dans la mer de Gaza. « Ce sable, il est à nous. Cette mer, elle est à nous », martèle-t-il dans une autre vidéo toujours filmée à Gaza où le ton est, là, au premier degré.

On peut également suivre cet influenceur populaire, Shita Hakdosha, qui fait des vidéos en anglais, invitant à « profiter » d’un coucher de soleil et d’une glace devant les bombardements à Khan Younès, en compagnie de soldats en jeep. Si l’on en croit ses publications les plus récentes, il se serait enrôlé dans l’armée de terre déployée dans Gaza.

Tout comme la réserviste Natalia Fadeev, créatrice de contenu « confirmée » sur TikTok et Instagram, qui se présente elle aussi dans sa biographie comme « réserviste de l’armée de défense israélienne ». Cette fan de cosplay titre toutes ses stories à la une avec le mot « war » (guerre) et les illustre d’un personnage de manga en tenue militaire israélienne. Si elle ne se filme pas en train de commettre des exactions, ses publications visent plutôt à donner une image « sexy » d’Israël, de son armée et de la guerre génocidaire contre Gaza. Sans surprise, la presse conservatrice israélienne glorifie souvent ces soldats et les présente comme des héros de guerre , notamment en les invitant sur les plateaux télé et en leur donnant la parole.

En dehors des cercles médiatiques israéliens, on peut trouver sur les réseaux sociaux des vidéos de personnalités tournées vers un public international, tel que l’influenceur proche de Benyamin Netanyahu, Hananya Naftali, ou le journaliste arabophone Edy Cohen.

« Je n’ai pas été surpris que cela émerge du traumatisme du 7 octobre, commente le militant israélien contre l’occupation aujourd’hui installé en Allemagne Nimrod Flaschenberg. Il y a eu un processus rapide de légitimation de l’agressivité et du racisme. C’est ce qui a causé cette atmosphère et a permis aux artistes et aux politiciens de s’exprimer librement dans un langage génocidaire ».

Cette plongée dans la guerre représentée par les guerriers eux-mêmes met à nu ce que le professeur en sociologie politique Yagil Levy nomme la « déshumanisation par mépris » – soit la déshumanisation « passive » par mépris qui s’est installée chez une grande partie de la société israélienne, parallèlement au modèle de déshumanisation « active » vis-à-vis de l’ennemi à éradiquer. Un exemple en est donné par les vidéos qui ont défilé pendant des mois d’Israéliens grimés en Palestiniens, un Minstrel show.

« Ce qui est troublant, poursuit Nimrod Flaschenberg, c’est qu’ils se filment en train de célébrer le bombardement des universités et des maisons à Gaza. C’est fou le degré de joie et de fierté que ces soldats éprouvent à raser un pays et sa population. Cette déshumanisation est si gangrenée qu’ils ne pensent pas faire quelque chose de mal. » Encore ne voit-on que l’écume, car « l’armée censure et monitore les images qui filtrent du front ». En fait, assure-t-il :

Dans le psychisme israélien, les Gazaouis n’existent pas. Ce qui arrive aux civils à Gaza n’est pas montré. Seul le Hamas existe, et il est responsable des pertes civiles. En Israël, les gens ordinaires qui ne veulent pas que l’occupation continue, ne sont pas conscients des souffrances causées par les bombardements. La conversation se déroule uniquement dans le confort intra-israélien : « Allons-nous ramener les otages ? Allons-nous mettre fin au règne du Hamas ? » Les Gazaouis ne sont nulle part dans l’équation…

Mais ces images largement diffusées posent une autre question, plus franco-française celle-là. Pourquoi n’en entend-on presque jamais parler en France, alors qu’elles sont accessibles à tous en Israël, et que des journalistes vivant dans la bande de Gaza – ou plutôt survivant quand ils ne sont pas tirés comme des lapins par l’armée israélienne – ont très largement documenté des faits semblables ? Pourquoi les journalistes n’utilisent pas ces données qui circulent en toute liberté sur les réseaux sociaux et dans les médias israéliens, alors que le gouvernement israélien leur interdit l’accès à l’enclave sauf s’ils sont « accompagnés » par l’armée et baladés dans les circuits adéquats ?

Au moins 4 000 Français et Franco-israéliens combattent aux côtés des forces israéliennes, rapportait déjà Europe 1 en octobre 2023.

Le député de la France insoumise Thomas Portes a réclamé en décembre 2023 qu’ils soient poursuivis en justice pour participation à des crimes de guerre. Deux combattants français cagoulés, en tenue militaire et portant des obus, lui ont adressé depuis Gaza un message vidéo : « Merci pour votre soutien, joyeux noël khouya [mon frère, en arabe] ».

Au moins deux Français combattant à Gaza figurent dans des vidéos qui pourraient servir de preuve de participation à des crimes de guerre, dont un Franco-israélien de Nice qui a participé à l’enlèvement et à la torture d’ouvriers gazaouis au mois d’octobre. Confronté par plusieurs internautes sur X (ex-Twitter), il a verrouillé ses comptes sur les réseaux sociaux, affirmant qu’il n’a fait que relayer les vidéos d’autres soldats, sans participer lui-même aux actes de torture.

C’est principalement sur ces vidéos et sur les faits documentés par l’Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA) que les représentants de l’Afrique du Sud ont appuyé leur plainte à la Cour de justice internationale (CIJ), déposée le 29 décembre 2023, montrant qu’il s’agit « du premier génocide diffusé en direct ».

Malgré les campagnes de signalement dont font l’objet ces vidéos, elles continuent d’être visibles en ligne, alors que les contenus relatant ce qui se passe à Gaza sont régulièrement censurés. L’ONG 7amleh (pour « hamleh », « campagne » en arabe), qui milite pour les droits numériques palestiniens, a interpellé le 7 février 2024 plusieurs plateformes qui hébergent toujours ce type de contenu, dont Meta (Facebook, Instagram et Whatsapp), X (ex-Twitter), Telegram et TikTok. L’organisation signale la prolifération des discours de haine, de déshumanisation et d’incitation à la violence et au génocide contre les Palestiniens. Elle rappelle que l’ordonnance de la CIJ nécessite que les plateformes assument leur responsabilité juridique et morale en matière de respect des droits humains et de prévention de la diffusion de contenus compromettants. Elle rappelle aussi que ces plateformes ont attisé par le passé des discours favorables au génocide en permettant leur diffusion en ligne, notamment en Éthiopie et au Myanmar.

Depuis le 7 octobre, 7amleh compte près de trois millions de contenus haineux ou incitant à la haine des Palestiniens en ligne, contre au moins 4 400 cas de censure côté palestinien, considérés par l’ONG Human Rights Watch comme « systémique ». De son côté, Meta prévoit uniquement de revisiter ses règles en estimant désormais que l’usage des termes « sioniste » et « sionisme » relève du discours haineux à l’encontre de personnes juives ou israéliennes.

Fatma Ben Hamad ORIENTXXI

»»https://t.me/danielamram3/18154

URL de cet article 39398
https://www.legrandsoir.info/les-soldats-israeliens-mettent-en-scene-leurs-crimes.html  

♦ Comment une « Snowdeniste » a caché l’auteur de la fuite de la NSA dans un aéroport de Moscou (Vogue)


Depuis qu’elle a mis Edward Snowden, l’auteur de fuites sur la NSA, en sécurité en Russie il y a deux ans, Sarah Harrison, militante et rédactrice en chef de WikiLeaks, vit tranquillement à Berlin. Sara Corbett rencontre celle que certains considèrent comme une héroïne politique et d’autres comme une complice de trahison.

Février 2015 – L’aéroport Sheremetyevo de Moscou est, comme beaucoup d’aéroports internationaux, un endroit tentaculaire et fade. Il compte six terminaux, quatre Burger Kings, une multitude de boutiques vendant du caviar hors taxes et un flot de voyageurs anonymes, tous en partance ou en arrivée ou, en tout état de cause, n’ayant pas l’intention de rester longtemps. Mais pendant près de six semaines au cours de l’été 2013, l’aéroport a également abrité deux fugitifs : Edward Snowden, le contractuel de la NSA qui venait de livrer à des journalistes un lot explosif de documents top secrets du gouvernement américain, et une Britannique de 31 ans, Sarah Harrison, décrite comme une chercheuse juridique qui travaillait pour l’organisation en ligne WikiLeaks.

C’était un tableau tiré d’un roman d’espionnage : un sous-traitant du renseignement en fuite avec une blonde énigmatique à ses côtés. Snowden s’est installé à Hong Kong pendant plusieurs semaines, alors que ses révélations sur la surveillance gouvernementale faisaient le tour des médias du monde entier. Lorsque les États-Unis l’ont inculpé en vertu de la loi sur l’espionnage (Espionage Act) le 14 juin, un ordre d’extradition a été envoyé à Hong Kong. Mais il est arrivé trop tard : Avant que quiconque n’entreprenne de le capturer, Edward Snowden – sous la houlette de Sarah Harrison – avait discrètement pris un vol pour Moscou et s’était pratiquement volatilisé.

L’endroit où ils se trouvaient à Sheremetyevo est devenu un mystère. Il n’y avait aucune trace d’eux dans le seul hôtel situé dans la zone du terminal, qui louait de minuscules chambres ’capsules’ pour environ 15 dollars de l’heure. Ils ne se sont pas non plus présentés sur le vol qu’ils avaient réservé pour La Havane, où ils avaient apparemment prévu de prendre un avion pour l’Amérique du Sud. Entre-temps, les États-Unis ont révoqué le passeport de Snowden. La nouvelle s’est rapidement répandue que l’homme le plus recherché au monde était bloqué dans la zone de transit de l’aéroport, incapable de quitter la Russie et, sans visa, incapable d’y rester.

Alors que les questions sur Snowden se multipliaient, la mystérieuse Sarah Harrison a presque échappé à l’attention. Un article à scandale du Washington Post affirmait qu’elle était « issue d’un pensionnat britannique huppé ». Il reprenait également une rumeur largement répandue selon laquelle elle aurait été, au moins à un moment donné, la petite amie de Julian Assange, le fondateur australien controversé de WikiLeaks. De vieilles photos d’archives montrent une Harrison étonnamment séduisante, avec de longs cheveux et un sourire éclatant aux dents béantes.

Si son rôle était d’aider à garder Snowden en sécurité et caché, elle l’a fait avec brio. Pendant 39 jours, les deux ont réussi à camper dans la zone de transit de l’aéroport, déjouant les hordes de médias qui tentaient de les trouver. Des équipes de télévision ont patrouillé dans les restaurants et les salons VIP payants. Les journalistes interrogeaient le personnel de l’aéroport sur ce qu’ils savaient, c’est-à-dire toujours rien. « J’ai passé jusqu’à dix-huit heures par jour au-delà du contrôle des passeports et de la sécurité à chercher Snowden », a déclaré avec morosité un employé d’ABC News dans un billet de blog, une semaine après le début de la chasse. « Il y avait une peur irrationnelle, même tard dans la nuit, qu’au moment où j’abandonne, le gars se pointe dans le couloir… »

C’est exactement ce qu’a fait Snowden le 1er août 2013. Timide et pâle, il s’est promené dans un couloir et est sorti de Sheremetyevo, après avoir obtenu un asile d’un an de la part de la Russie. À ses côtés, l’avocat moscovite corpulent qui l’a aidé à obtenir l’asile et Harrison, vêtue d’un legging et d’un débardeur noir, affiche un large sourire. Où et comment ils ont subsisté dans l’aéroport reste un secret. Pendant les trois mois qui ont suivi, Mme Harrison est restée à Moscou avec M. Snowden, vivant tous les deux dans un lieu tenu secret, avant de s’installer à Berlin, fin 2013, sans grande fanfare, expliquant que ses avocats lui avaient déconseillé de retourner au Royaume-Uni, où elle pourrait être détenue en vertu des lois antiterroristes très strictes du pays.

On pourrait supposer que Mme Harrison aurait ensuite donné une interview remarquée sur une chaîne de télévision ou écrit un livre intitulé « J’étais là » sur l’accompagnement de Snowden dans ce qui devait être l’un des cas juridiques les plus périlleux et les plus surveillés de l’histoire récente. Mais elle ne l’a pas fait. Elle est restée relativement discrète, reprenant son travail pour WikiLeaks. Il s’avère que Mme Harrison fait très, très attention à ce qu’elle dit. Pour entendre son histoire, il faut aller la chercher.

Je rencontre Harrison pour la première fois un après-midi de novembre dans un café du centre de Berlin. Vêtue d’un jean délavé, d’une veste en cuir et de bottes couleur fauve, elle est assise à une petite table en plein air avec une tasse de café chaud, insensible à la fraîcheur de l’air. Elle a de larges pommettes, un regard bleu franc et des cheveux ondulés de couleur rousse, qu’elle tient en arrière de son visage à l’aide d’une pince. Elle rit souvent et de manière franche, ce qui est un peu surprenant, étant donné qu’elle parle souvent de choses qui font réfléchir, comme la surveillance gouvernementale et la liberté d’information.

Il a fallu des mois pour organiser notre rencontre. Mme Harrison, dont le travail a contribué à ébranler des gouvernements et à façonner des événements mondiaux, n’est pas facile à joindre. Elle n’a pas de coordonnées sur le site web de WikiLeaks, où son titre est désormais « rédactrice en chef des enquêtes ». Elle est également l’une des fondatrices et la directrice d’une nouvelle organisation de protection des lanceurs d’alerte appelée Courage Foundation, mais il n’y a pas non plus d’adresse électronique pour elle sur ce site. Elle n’est pas non plus sur Twitter, Facebook ou Linkedn, et elle ne possède pas de téléphone. J’ai fini par entrer en contact avec elle par l’intermédiaire d’une connaissance commune qui a accepté de transmettre un courriel, ce qui a donné lieu à un long échange.

Maintenant que nous sommes face à face, elle me demande poliment deux choses : Elle aimerait que je ne cite pas les lieux où nous nous rencontrons et que je ne révèle pas la marque de l’ordinateur portable qu’elle utilise, car cela pourrait la rendre plus vulnérable au piratage. Elle explique que les bars et les restaurants qu’elle fréquente sont fréquentés par d’autres membres de la communauté berlinoise en plein essor des défenseurs de la vie privée et des libertés civiles – les ’Snowdenistes’, comme on les appelle -, dont la cinéaste américaine Laura Poitras, dont le documentaire sur Snowden, Citizenfour, est un candidat sérieux aux Oscars. Il s’agit d’un cercle très fermé de personnes qui se protègent les unes les autres avec soin, qui va jusqu’à empêcher les oreilles indiscrètes de pénétrer dans les lieux de rencontre préférés du groupe.

Harrison sourit, sachant qu’elle peut passer pour un peu paranoïaque. « Il vaut mieux pécher par excès de prudence », dit-elle en haussant les épaules. C’est pourquoi elle a appris à ses parents et à ses amis proches à utiliser le courrier électronique crypté. Et comme les téléphones portables peuvent être utilisés pour localiser une personne, elle n’en porte plus depuis des années. (’ »On s’y habitue », dit-elle.) Elle ne croit pas nécessairement qu’elle est surveillée en temps réel, mais compte tenu de son association avec Snowden, qui a été accusé de plusieurs crimes aux États-Unis, et de son travail avec WikiLeaks, qui a contribué à la publication de centaines de milliers de documents classifiés fournis pour la plupart par des dénonciateurs, elle estime que lorsqu’il s’agit d’agences de renseignement gouvernementales, « je suis manifestement une personne d’intérêt ».

Son travail exige une attention méticuleuse aux détails et des nerfs solides. Mme Harrison consacre une grande partie de son temps à vérifier l’authenticité des documents transmis à WikiLeaks et à rédiger des rapports sur leur contenu, qui sont publiés sur le site Web en même temps que les documents bruts, souvent sous les hurlements des représentants du gouvernement. Ces documents ont été délicats et controversés, faisant la lumière sur des sujets aussi variés que les pertes civiles en Irak, la politique des États-Unis à l’égard des détenus de Guantanamo Bay ou les détails des programmes d’assassinat de la CIA.

À bien des égards, Mme Harrison semble être née pour ce travail. Enfant, elle était un rat de bibliothèque compulsif qui rangeait ses étagères par ordre alphabétique et par catégorie. Elle s’est également enhardie très tôt sur le plan politique : Vers l’âge de huit ans, elle a envoyé une lettre au premier ministre britannique, John Major, pour lui faire part de ses suggestions sur la manière dont il pourrait s’attaquer au problème des sans-abri. Fille d’un cadre de l’industrie de la distribution et d’une spécialiste de l’alphabétisation, elle a fréquenté une école privée dans le Kent, puis a ponctué ses études universitaires à Londres de longues pauses pour voyager, notamment en Asie et en Australie, s’appuyant sur des emplois de serveuse et de freelance. Ce sont les voyages, dit-elle, qui lui ont fait découvrir les grandes inégalités du monde et lui ont donné l’idée qu’elle pouvait mettre sa rigueur au service d’une cause plus importante. De retour à Londres en 2008, elle a effectué un stage au Centre for Investigative Journalism, une organisation à but non lucratif, et s’est rapidement distinguée par ses compétences en matière de recherche.

Lorsque Julian Assange s’est rendu en Angleterre à l’été 2010 et a contacté le directeur du centre pour lui demander de l’aider à mettre à la disposition de certains médias des archives contenant 75 000 documents sur la guerre d’Afghanistan, M. Harrison s’est immédiatement porté volontaire. Ce qui devait être un travail de deux semaines s’est rapidement transformé en un poste de collaboratrice. Elle est devenue indispensable à Assange, en tant que confidente et bras droit.

Bien que certains suggèrent une liaison romantique, Mme Harrison ne veut pas confirmer si elle a été – ou est – impliquée avec M. Assange. « Nous n’avons jamais fait de commentaires à ce sujet », dit-elle avec une pointe de froideur. Elle admet être à la fois amusée et offensée par la façon dont elle a été décrite dans les médias, voyant des mots comme écolièrecompagne et amante utilisés dans les gros titres. Certaines de ces descriptions semblent ouvertement sexistes, d’autres sont motivées par le fait que l’on sait très peu de choses sur elle. Il a été rapporté que, lorsqu’elle était en Angleterre, Mme Harrison faisait la lessive d’Assange et que, grâce à son attitude enjouée et à son rire désarmant, elle l’aidait à adoucir ses interactions souvent rugueuses avec la presse. Lorsque Mme Harrison est apparue aux côtés d’Edward Snowden à Moscou, un journal italien s’est demandé si elle n’était pas une Mata Hari du XXIe siècle. « Je pense qu’en raison d’un tel manque d’informations, la seule façon pour la presse de parler de moi était de m’identifier à travers les hommes avec lesquels je travaillais », dit-elle avec légèreté. « Et parfois, ils l’ont fait d’une manière assez sarcastique. »

Aujourd’hui, Mme Harrison mène une sorte de double vie dans un quartier verdoyant et embourgeoisé de Berlin-Est, coincé entre le centre urbain plus moderne et les immeubles à dalles de béton hérités de l’époque stalinienne de la ville. Toujours avide de lecture, elle est fan de Murakami et a récemment lu des romans sur la Résistance française. Le soir, elle prend parfois des cours de yoga ou va boire un verre avec des amis, mais elle passe la plupart de ses journées chez elle, seule, sur son ordinateur. Elle et Assange restent en contact professionnel régulier, bien qu’ils ne se soient pas vus depuis près de deux ans. Tous deux sont limités dans leurs mouvements. Mme Harrison n’envisage pas de retourner en Angleterre tant que les lois sur le terrorisme n’auront pas été modifiées. Pendant ce temps, M. Assange a passé plus de deux ans recherché pour être interrogé en Suède, où il est accusé d’avoir agressé sexuellement deux femmes lors d’un voyage en 2010, juste après que M. Harrison l’ait rencontré. (M. Assange, qui n’a pas été inculpé, affirme que ces allégations sont fausses et qu’elles font partie d’une conspiration plus large visant à nuire à sa réputation. M. Harrison estime que cette affaire est « profondément politisée »).

WikiLeaks a bien sûr de nombreux détracteurs, comme ceux qui soutiennent que les documents classifiés le sont pour de bonnes raisons. Mais Mme Harrison n’est pas de cet avis : « Le public doit savoir ce que fait son gouvernement », dit-elle simplement. Bien que WikiLeaks dispose d’une petite équipe et fonctionne avec peu de moyens (un certain nombre d’organismes financiers importants, dont Visa, MasterCard et PayPal, refusent d’effectuer des dons au groupe), il est parvenu à provoquer de grands adversaires institutionnels, en particulier le gouvernement américain. Selon M. Harrison, le fait d’être petit confère une certaine agilité. « Il est parfois plus facile d’être une barque qu’un cargo. »

À ce moment-là, une serveuse dépose une tasse de café fumant sur la table. Harrison, qui parle à toute vitesse depuis près d’une heure, s’arrête pour sourire chaleureusement et dire merci. La serveuse a à peu près son âge et parle anglais. Elle fait un geste vers la tasse de Harrison. « Combien ça fait ? » dit-elle d’une voix taquine. « Quatre ? » Harrison éclate de rire. Malgré toutes ses inquiétudes concernant sa vie privée, c’est sa consommation de caféine qui est surveillée.

« C’est le troisième », dit-elle à la serveuse en faisant un geste de la main et en faisant semblant d’être châtiée. « Et je m’arrête là ».

Ce soir-là, nous nous rendons à pied dans un bureau voisin pour une réunion avec deux membres du comité consultatif de Courage Foundation basés à Berlin : Renata Avila, avocate guatémaltèque spécialisée dans les droits de l’homme, et Andy Müller-Maguhn, un « hacktiviste »’ allemand bien connu. Dans une petite salle de conférence empruntée à une autre association, Mme Harrison ouvre son ordinateur portable et commence à parcourir rapidement son agenda. Derrière elle, un poster de Che Guevara est accroché au mur.

Courage Foundation en est encore à ses débuts, la collecte de fonds étant un objectif évident et immédiat. Mme Harrison est en train de développer un réseau de personnes qui peut se mobiliser rapidement pour protéger un lanceur d’alerte en danger. Elle prévoit également de mettre en place un système de conseil pour les journalistes afin d’améliorer leur sécurité en ligne et de mieux protéger leurs sources. Mme Harrison informe le groupe qu’elle a organisé une déclaration de soutien à M. Snowden, qui serait publiée la semaine suivante et signée par des célébrités telles que Susan Sarandon, M.I.A. et Alfonso Cuarón. Elle recrute également activement de nouveaux membres du conseil consultatif, les plus récents étant Nadya Tolokonnikova et Masha Alekhina du groupe punk russe Pussy Riot.

Une grande partie de la conversation avec Avila et Müller-Maguhn consiste à élaborer des stratégies pour déterminer qui d’autre pourrait se joindre à leur cause. Quelqu’un mentionne que Lady Gaga est venue prendre le thé avec Assange à l’ambassade d’Équateur. Les discussions portent également sur la manière de personnaliser le site web de base de la fondation afin de raconter rapidement l’histoire de tout nouveau lanceur d’alerte, en y incluant un onglet pour accepter les dons. C’est une leçon que Harrison a apprise à l’aéroport de Moscou, en essayant d’aider à mettre en place un fonds de défense pour Snowden : la confusion ne fait que compliquer les choses. La prochaine fois qu’un personnage comme Snowden émerge – et ils semblent convaincus qu’il y aura une prochaine fois – ils veulent se mobiliser rapidement. « Nous avons déjà ouvert des comptes bancaires », dit-elle aux autres, l’air confiant. « Nous pouvons réagir en quelques jours, voire en quelques heures… »

L’arrivée d’Edward Snowden dans la vie de Sarah Harrison en juin 2013 n’est pas sans rappeler son arrivée sur la scène internationale, c’est-à-dire avec une soudaineté époustouflante. Sarah Harrison se trouvait à Melbourne, en Australie, pour le compte de WikiLeaks. Assange, qui avait été en contact avec Snowden, l’a appelée un lundi matin. Étant donné le décalage horaire, « j’ai cru qu’il parlait de la montagne au Pays de Galles », admet Harrison, en référence au mont Snowdon, un sommet légendaire du Royaume-Uni. Comme Melbourne était relativement proche de Hong Kong et que Harrison avait une connaissance pratique de la ville, elle a été dépêchée immédiatement et secrètement pour prospecter les ambassades étrangères afin de voir quels pays pourraient être disposés à accorder l’asile à Snowden.

Elle rit en se rappelant le moment où elle s’est envolée pour Hong Kong, disant qu’elle a laissé la moitié de ses bagages à Melbourne, pensant qu’elle reviendrait bientôt. Près de deux ans plus tard, elle n’y est toujours pas retournée, pas plus qu’elle n’est allée en Angleterre, où se trouve le reste de ses affaires. « J’ai des vêtements partout », dit-elle.

Mme Harrison explique que pendant les treize jours passés à Hong Kong, elle a consulté plusieurs avocats au sujet de la complexité de la situation de Snowden, et que M. Assange, pendant ce temps, a fait jouer ses relations au sein du gouvernement équatorien afin d’obtenir une protection diplomatique pour les déplacements de l’auteur des fuites de la NSA. WikiLeaks, dit-elle, a réservé plus d’une douzaine de vols différents pour Harrison et Snowden, dans l’espoir d’échapper à d’éventuels poursuivants. « Nous avons également obtenu de Snowden qu’il achète un billet pour l’Inde avec sa propre carte de crédit », explique Mme Harrison. « Nous avons travaillé très dur pour créer autant de fausses pistes que possible. L’angoisse était insoutenable. J’espérais simplement que les billets seraient acceptés », dit-elle. Elle a transmis le numéro de téléphone de ses parents à l’un des avocats, en leur demandant de les contacter en cas de problème.

« Elle s’est vraiment mise en danger », déclare Laura Poitras, qui a filmé Snowden dans sa chambre d’hôtel jusqu’au lendemain de la révélation publique de son identité, date à laquelle elle a dû faire marche arrière pour ne pas le mettre en danger. « J’étais suivie », dit-elle. Les risques sont devenus très importants. Harrison avait le bon mélange d’audace et de conviction pour le faire sortir de Hong Kong. « Elle est extrêmement intelligente, dit Poitras, et tenace. Et très motivée par ses principes. »

Mme Harrison affirme qu’elle n’a rencontré M. Snowden que lorsqu’ils sont montés ensemble dans une voiture, dimanche matin, pour se rendre à l’aéroport. Mme Harrison était vêtue d’un jean et de tongs. Snowden, lui aussi, avait l’air décontracté. L’idée était de les faire passer pour un jeune couple en vacances. Sur le trajet, ils n’ont pas dit grand-chose. « J’étais tellement nerveuse et concentrée sur les prochaines étapes », se souvient-elle.

Ils sont montés à bord de l’avion Aeroflot à destination de Moscou, et ce n’est qu’une fois l’avion en vol que Snowden s’est tourné vers elle et a prononcé ce qui était presque sa première phrase complète : « Je ne m’attendais pas à ce que WikiLeaks envoie un ninja pour me faire sortir ».

Mme Harrison raconte qu’elle et M. Snowden ont débarqué à Moscou et sont allés s’enregistrer pour leur prochain vol, et c’est à ce moment-là qu’ils ont appris que le passeport de M. Snowden avait été annulé. Invoquant des « raisons de sécurité », elle ne donnera pas de détails précis sur l’endroit où ils ont séjourné pendant les jours qui ont suivi, se contentant de dire qu’ils ont partagé une seule chambre sans fenêtre, qu’ils ont fait leur lessive dans l’évier, qu’ils ont regardé des films sur leurs ordinateurs portables et qu’ils se sont rapidement lassés de la nourriture de l’aéroport. « Si je dois encore manger un Burger King, j’en mourrai », dit-elle. L’intimité de la situation était peut-être inconfortable, mais elle était aussi délibérée. « Si quelque chose de fâcheux lui arrivait, j’étais là pour témoigner », explique Mme Harrison, qui ajoute que WikiLeaks, grâce à sa capacité à toucher un vaste public mondial, a servi de protection. « Nous aurions fait en sorte que le monde entier soit au courant. » Elle affirme s’être promenée librement dans les terminaux de l’aéroport, en dépit de l’omniprésence des médias. « Pour les filles, c’est un peu plus facile de s’intégrer », me dit-elle, affirmant que le fait de mettre ses cheveux bouclés en chignon suffisait à la déguiser.

Mme Harrison décrit son amitié avec M. Snowden. Ce qui lui fait le plus de peine, ce sont les accusations selon lesquelles il aurait trahi son pays. Elle et Snowden ont tous deux déclaré qu’il avait été approché par des agents des services de renseignement russes pendant leur séjour à Sheremetyevo, mais qu’il les avait repoussés. « La dernière chose au monde qu’il soit, dit Harrison, c’est un traître et un espion ». Elle raconte en plaisantant que Snowden citait si souvent la Constitution américaine lors de leurs conversations sur les programmes de la NSA que cela en devenait agaçant. J’en étais arrivée au point où je me disais : « D’accord, d’accord, la Constitution ! » Plus sérieusement, elle ajoute : « C’est le plus patriote de tous les Américains que j’ai rencontrés ».

Jacob Appelbaum, journaliste américain et chercheur en sécurité informatique basé à Berlin, estime que Mme Harrison est en quelque sorte une héroïne méconnue. « Elle a vraiment sauvé la vie de Snowden », dit-il, notant qu’elle est maintenant « pratiquement en exil » à Berlin. « C’est un lourd tribut à payer. »

Snowden lui-même est conscient que c’est en partie l’engagement de Harrison pour sa cause qui l’a mis à l’abri du danger. Dans un courriel envoyé depuis la Russie, il me raconte que ses avocats l’ont d’abord informé qu’il était dangereux pour quiconque de l’aider, que « quiconque se trouve dans un rayon de trois kilomètres va s’en prendre plein la tête ». Mais Harrison s’est tout de même manifestée. Elle aurait pu quitter Moscou à tout moment, mais elle a choisi de rester, non pas pendant des jours ou des semaines, mais pendant des mois. Selon M. Snowden, cela correspond à son caractère. « Face à des risques très réels, Sarah refuse de laisser l’intimidation influencer ses décisions », écrit-il. « Si vous l’obligiez à choisir entre renier ses principes ou être brûlée sur le bûcher, je pense qu’elle vous tendrait une allumette ».

Pour ma dernière soirée à Berlin, je rejoins Harrison pour la première allemande de Citizenfour, qui a lieu dans un magnifique théâtre près de l’Alexanderplatz, rempli de personnes issues des communautés technologiques et militantes de Berlin. Parmi eux, Harrison, vêtue d’une jupe et d’une paire de boucles d’oreilles pendantes, est une célébrité mineure, acceptant des accolades et des poignées de main. Laura Poitras est également présente, l’air modeste et un peu épuisée. Le film a déjà été présenté en avant-première à Londres, Los Angeles et New York, et devrait être diffusé sur HBO à la fin du mois de février.

S’il y a du cynisme dans la foule berlinoise à l’égard de Snowden, il est impossible de le déceler. L’Allemagne, en général, s’est montrée plus réceptive à la cause de Snowden que d’autres pays, en particulier les États-Unis, où les avis restent partagés. Selon certaines informations, des maisons allemandes auraient affiché des panneaux indiquant « i have a bed for Ed » (j’ai un lit pour Ed.).

Alors que les lumières de la salle s’éteignent, Mme Harrison met une paire de lunettes et s’enfonce dans son siège. Quelqu’un lui tend une coupe de champagne, qu’elle sirote lentement dans l’obscurité tandis que le film commence à se dérouler et qu’au bout d’un moment, le visage d’Edward Snowden apparaît à l’écran. Le film est presque entièrement tourné dans une chambre d’hôtel à Hong Kong. Snowden apparaît comme un homme réfléchi, intelligent, engagé, mais aussi de plus en plus sous pression. Le film s’arrête presque précisément au moment où Harrison entre en scène.

À côté de moi, Harrison ne dit rien jusqu’à ce que le film soit terminé et que le public applaudisse à tout rompre, manifestement conquis par l’audace du lanceur d’alerte. Lorsque je lui demande si l’homme à l’écran correspond à celui avec lequel elle a passé quatre mois et dont le sort a changé le sien, elle hoche la tête. « C’est lui », dit-elle. « Exactement ». Plus tôt, elle m’avait dit que si elle était restée avec Snowden, c’était en partie pour l’aider à devenir un symbole, pour montrer aux autres qu’il est possible de s’exprimer et de vivre librement. Il y avait une pointe de triomphe dans sa voix lorsqu’elle l’a dit. « Je ne dis pas que Snowden est dans la meilleure situation du monde », a-t-elle déclaré. « Mais fondamentalement, il est libre ».

Sara Corbett

19 février 2015

Traduction « n’oublions pas les autres héros de notre droit de savoir » par Viktor Dedaj avec probablement toutes les fautes et coquilles habituelles.

»»https://www.vogue.com/article/sarah-harrison-edward-snowden-wikileaks-nsa

URL de cet article 39424
https://www.legrandsoir.info/comment-une-snowdeniste-a-cache-l-auteur-de-la-fuite-de-la-nsa-dans-un-aeroport-de-moscou-vogue.html

♥ Le menu du Ramadan


« Rappel : RAMADAN dans une semaine ! »

إعلان: ها قد جاء رمضان! »
ما عساكم ناظرون؟ ماذا بربكم تتوقعون؟ أن أزين أفواهكم إرضاء لحلوقكم وأذواقكم؟ حقا؟ هل أنتم جادون؟ أو أن ألمع صورة أشره الذواقين منكم؟ ماذا؟ ربما تمزحون؟ سأذكركم لعلكم أيها المؤمنون تنتفعون بأن الله حبانا برمضان المعظم لقمع الشراهة والنهم والأكل حتى نتخم وملأ البطون حد الألم، فلنصم لنكف عن الطمع والجشع، ألسنا قوم لا نأكل حتى نجوع وإذا أكلنا لا نشبع؟
تتساءلون حين تصومون ماذا تحضرون وماذا تأكلون وتبلعون وبما تحشون البطون…بالله عليكم أليس بالأحرى بكم بدلا من ذلك أن تجتهدون وتهتمون بما لعقولكم تملؤون!
رجاء…لا يخيبن ظنكم بما سيقدم لكم، فليكن في علمكم بأن طبق اليوم لن يرضي معدتكم، الوجبة بالأحرى هزيلة بالكاد تسد جوعكم…ولنقل: خفيفة إن كان هذا كفيل بكبح فضولكم.
أتفضلون طبقا حلوا مسكرا يفتح شهيتكم أم مالحا مملحا ينفخ معدتكم؟ حارا يدفئ يومكم أم باردا ينعش روحكم؟ كبيرا يرضي عيونكم أم دسما يسد عروقكم؟ متبلا يغري أنوفكم أو بلا توابل يحفظ رشاقتكم وحميتكم؟
الجواب: أيا كان لا يهم إذا كان هذا همكم ! أي أن هذا يعني حرفيا بأن ما يهم فعلا…هو أن نتعلم بأن نكون بالقليل راضين…أو بمعنى آخر: أن لا نكون مسرفين، ألسنا عن ذلك منهيين؟ أنسيتم « إِنَّ الْمُبَذِّرِينَ كَانُوا إِخْوَانَ الشَّيَاطِينِ » « وَلا تُسْرِفُوا إِنَّهُ لا يُحِبُّ الْمُسْرِفِينَ »؟
أو لم ينهكم عن ذلك المنطق السليم والعقل السديد المستقيم؟ بلا…فلم لم تكونوا لهم صاغين منصتين؟
لا للإسراف، أرجوكم لا…بالله عليكم لا تكونوا مسرفين…تخادعون أنفسكم وتخدعون عقولكم بأن ما بين أيديكم لا يغني ولا يسمن من جوع وأنكم لا تملكون ما يكفيكم لسد حاجياتكم وما أكثرها وكأنكم في هذه الدنيا خالدون…وكأنكم نسيتم بأننا جميعا عن هذه الدنيا راحلون، ألستم يا ترى في ضلال مبين؟ أو لا تحسبون بأنكم لأنفسكم غرارين؟
للمُشرق فيكم تخمدون وللنيّر بداخلكم إلى التهلكة تُؤدّون ولما اسود منه واشتد ظلامه تفضلون وتبجلون، ما لكم كيف تحكمون؟
أو تعلمون كيف أدعو ما أوتيت من قلة ذكاء وحيلة؟ أدعوه: نعمة إلهية… وهذا لا يزيدنني إلا قناعة ورضا بما أنعمه الله علي ولو أتاني من الزاد إلى قليلا…فتقر عيني ونفسي به راضية مرضية. إلهي أحمدك وأشركك….فقد وجدت في الصوم والامتناع عن الإسراف واللهف على ما في الدنيا من متاع لذة لا توصف وسعادة لا تكف ولا تنكف.
لقد جعل الله لنا في الإفطار حكمة من أحكام رمضان جزاء على صبرنا من طلوع الشمس إلى غروبها، فلا تقلبن الموازين وكفاتها وإلا تأذت عقولكم وأصبتم فطنتكم وذكائكم بسهام أيديكم ترميها.
الإيمان مثله مثل الكبد…لا يرضى بما هب ودب، ولا يصطفي إلا ما يرى فيه منفعة للنفس والجسد…فلتحسنوا اختيار ما تضعون في أفواهكم حرصا على عدم زعزعة دينكم وإيمانكم.
هل أدلكم على خير خبير مختص في غذائكم وحميتكم؟ روحكم…فغذوها وصونوها وبالإيمان زكوها فهي إن سلمت كانت أفضل عون لكم وأرشد خبير يرافقكم من غير عناء وإن فسدت بليتم بالبلاء والداء.
روحكم هي سيدة مصيركم في تقرير حياة صحية ومعيشة هنية بوصف حسن التدبير وإدراك معنى التوفير دون تقتير ومن غير إسراف ولا تبذير، لا تهرولوا بقففكم إلى جزار حيكم لإفراغ جيوبكم وصرف أموالكم التي قد يحتاجها غيركم، فلقمة رغيف تكفيكم ورشفة لبن ترويكم.
أعرف بأنكم غير ناظرين رمضان لتهووا في دوامة الصراع والتجاذب بين « لا يوجد » وما عن حده زاد، بين الأجمل والأضخم وما « لا يكفي » ولملأ العين لا يكاد…أجل…إنه صراع العباد منذ الأزل وإلى الآباد، بين الملائكة والشياطين، والنهم والنعم، وبين البياض والسواد.
كُتب علينا الصيام من أجل تهذيب نفوسنا ولومها، من أجل إصلاح قلوبنا وغسلها، من أجل الكف عن الانصياع لشهواتنا وردعها وعدم اتباعها، وليس للتنافس على تزيين صحوننا وزخرفة أطباقنا وموائدنا وتصويرها ونشرها…
ويحكم…خذوا حذركم…الإغراء صعب يكاد لا يُقمع، فأعدوا له ما استطعتم من قوة وتحلوا بالصبر وابذلوا كل ما أوتيتم من همة وفطنة لصده وجعله أمام جبروت ضميركم يركع، ولسمو أنفسكم يخضع، فترتقوا وتبلغوا منزلة العلى فلا تنصاع نفوسكم ولا تتبع ولا تميل ولا « تنزع »…
وبدلا من تحضير ما طاب ولذ…وشراء الأغلى والألذ…والتنافس على جلب كل ما في السوق وكأن الأرزاق ستقطع ولن تنفذ…رجاء…فكروا في الظمأ الفعلي، والجوع الحقيقي…التعطش والشوق للحياة الأبدية الخالدة التي لا تزول…والسعي وراء الطمأنينة والسلام مع أنفسكم وأرواحكم ورجاء الآخرة مأوانا جميعا وخط الوصول…
ألم يأتكم خبر من ذي قبل بأن اشتهاء العودة إلى الله هو وحده القادر على إشباعكم وسد رمقكم وإشفاء غليلكم…بلا انقطاع ولا حد ودوما وإلى الأبد…
وإن لم تكونوا مؤمنين، فكونوا على الأقل كيسين فطنين…كلوا من أجل العيش كسبا…ولا تعيشوا من أجل الأكل نهما فلا تجنون إلا كسلا وتصبحون على ما فعلتم نادمين !
مهلا ! وماذا عن روحكم؟ هل خطرت ببالكم وفكرتم فيها حقا؟ لقد نسيتم بأنها هي أيضا لديها حق عليكم وتحتاج لخمسة فواكه وخمسة خضر في اليوم مثلكم…من أجل أن تعلى وترقى لا أن تثخن وتسمن!
المسلم أولى بسد حاجتها بأداء صلواته الخمس واقفا بين يدي الله عز وجل وساجدا له خاشعا حامدا قانتا شاكرا قائلا: يا رب، أنا بخير وفي أحسن حال منذ أن هديتني إلى الاكتفاء بما قل…يكفيني أن أذكر اسمك لأشعر بالسعادة والطمأنينة والراحة والسكينة…أحمدك يا رب على هدايتك لي إلى طريق النور والصراط المستقيم.
رمضان هو الفرصة المرجوة لنتعلم التمييز بين المباح والمحظور، الحلال والحرام، والكائن والبيّن.
فكل ما بُذل في طاعة الله مشكور، وكل سعي في فعل المنكر محظور.
عندما تنفد الكلمات ويقال كال ما يراد قوله، ففعلا كل شيء قد قيل… ولكن لإدراك ذلك وفهمه، سيستغرق المرء حياة بأكملها والطريق سيكون حتما طويل !
اللهم بلغنا رمضان….آمين يا رب العالمين…ريم…
Rym The Interpreter

♦ L’Égypte vend les Palestiniens pour obtenir un prêt de 10 milliards de dollars


Malgré les protestations publiques, le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi aide Israël à transférer 1,4 million de Palestiniens de Rafah vers des villages de tentes dans le désert du Sinaï.

Samedi, des agences de presse occidentales ont rapporté que des négociations à huis clos avaient eu lieu à Paris dans le but de parvenir à un accord sur un cessez-le-feu à Gaza. Selon Reuters, ces négociations représentaient «l’effort le plus sérieux depuis des semaines pour faire cesser les combats dans l’enclave palestinienne meurtrie et pour obtenir la libération des otages israéliens et étrangers». Malheureusement, les informations en provenance de Paris n’étaient en grande partie qu’une supercherie orchestrée par les médias pour détourner l’attention du véritable objectif de la conférence. Il ne faut pas oublier que les principaux participants à cette réunion n’étaient pas des diplomates de haut niveau ou des négociateurs expérimentés, mais les directeurs des services de renseignement, notamment le chef du Mossad israélien, David Barnea, le chef des espions égyptiens, Abbas Kamel, et le directeur de la CIA, William Burns. Ce ne sont pas des hommes que l’on choisirait pour négocier un échange d’otages ou un accord de cessez-le-feu, mais pour mettre en œuvre des opérations de surveillance électronique, d’espionnage ou des opérations secrètes. Il est donc extrêmement improbable qu’ils se soient rencontrés à Paris pour convenir d’un plan de cessation des hostilités. L’explication la plus probable est que les chefs espions respectifs mettent la dernière main à un plan de collaboration visant à percer le mur frontalier égyptien afin qu’un million et demi de Palestiniens gravement traumatisés puissent fuir vers l’Égypte sans rencontrer d’opposition sérieuse de la part de l’armée égyptienne.

Une telle opération nécessiterait une coordination considérable afin de minimiser les pertes humaines tout en atteignant son objectif global. Naturellement, toute brèche devrait être imputée au Hamas, qui sera sans aucun doute le bouc émissaire idéal pour faire exploser une section du mur, créant ainsi une ouverture pour des milliers de Palestiniens en débandade. De cette manière, Israël pourrait qualifier l’expulsion massive de «migration volontaire», ce qui est le sobriquet sioniste à la sonorité joyeuse pour désigner le nettoyage ethnique. Quoi qu’il en soit, la majeure partie de la population musulmane de Gaza aura été expulsée de sa patrie historique et contrainte de s’installer dans des camps de réfugiés disséminés dans le désert du Sinaï. C’est la finalité de Netanyahou, qui peut intervenir à tout moment.

On peut se demander si le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi coopérera avec Israël et autorisera les Palestiniens à entrer en masse en Égypte, mais ces doutes reposent sur des spéculations et non sur des faits. Pour ceux qui veulent creuser un peu plus, il y a une piste d’argent claire qui relie le président égyptien douteux à un changement de politique qui fera plus qu’accommoder l’ambitieux plan de nettoyage ethnique de Netanyahou. En d’autres termes, le coup est déjà joué. Ceci est tiré de Reuters :

«Les pourparlers avec l’Égypte en vue de renforcer son programme de prêt du Fonds monétaire international (FMI) progressent très bien, a déclaré jeudi le FMI, qui estime que l’Égypte a besoin d’un «programme de soutien très complet» pour faire face aux défis économiques, et notamment aux pressions exercées par la guerre dans la bande de Gaza. (…)

Interrogé sur l’impact sur les négociations des défis posés par l’entrée attendue des réfugiés de Gaza en Égypte, Kozack a déclaré : «Nous travaillons en étroite collaboration avec les autorités égyptiennes et leurs partenaires pour veiller à ce que l’Égypte n’ait pas de besoins de financement résiduels et que le programme soit en mesure de garantir la stabilité macroéconomique et financière en Égypte»».1

Je répète : «pour veiller à ce que l’Égypte n’ait pas de besoins de financement résiduels» ??

WTF ? Le FMI apporte donc désormais un soutien financier à l’épuration ethnique ?

C’est en tout cas ce qu’il semble. Le FMI veut s’assurer qu’al-Sissi dispose de suffisamment d’argent pour couvrir les coûts de l’alimentation et du logement d’un million et demi de réfugiés. Mais ces milliards de dollars iront-ils vraiment aux Palestiniens affamés qui ont perdu leur maison et tous leurs biens matériels, ou s’évanouiront-ils sur les comptes offshore de politiciens égyptiens corrompus, comme cela a été le cas en Ukraine ? Nous avons tous vu ce film à maintes reprises et il ne se termine pas bien. Voici un complément d’information du Financial Times :

«Georgieva a clairement indiqué que la guerre à Gaza était la principale raison pour laquelle le FMI allait de l’avant avec un accord de prêt élargi, malgré l’arrêt des décaissements d’un prêt antérieur de 3 milliards de dollars. (…).

Selon les analystes, les discussions entre l’Égypte et le FMI se sont concentrées sur un paquet d’au moins 10 milliards de dollars, dont une partie proviendrait du prêteur et le reste d’autres donateurs, parmi lesquels la Banque mondiale».2

Soyons clairs : Le FMI a interrompu le versement d’un prêt de 3 milliards de dollars à l’Égypte, mais il est maintenant prêt à remettre 10 milliards de dollars à un pays criblé de dettes, présentant un risque de crédit, dont la monnaie a subi une dévaluation de 40% l’année dernière et dont l’économie est actuellement au plus bas ? Cela a-t-il un sens ? Bien sûr que non. Voici ce qu’en dit The Cradle :

«Le Fonds monétaire international (FMI) déclare que les pourparlers avec l’Égypte sur un programme de prêt visant à «aider» le pays à surmonter ses difficultés financières et à faire face au déluge potentiel de réfugiés palestiniens qu’Israël cherche à expulser de Gaza pour des raisons ethniques, ont progressé de façon remarquable».

Quelqu’un a enfin le courage de dire ce que tout le monde sait déjà être vrai, à savoir que le FMI finance le nettoyage ethnique de Gaza. Voici un autre extrait du même article :

«La directrice générale du FMI, Kristalina Georgieva, a déclaré en novembre que l’agence «envisageait sérieusement» une augmentation possible du programme de prêt de l’Égypte en raison des «difficultés économiques posées par la guerre Israël-Gaza».

«Le prêt pourrait atteindre 10 milliards de dollars pour aider l’économie égyptienne à survivre face à des facteurs locaux et externes, notamment l’attaque israélienne sur la bande de Gaza voisine et les tensions dans la mer Rouge. (…)

Cela a coïncidé avec le début des travaux de construction d’une «zone de sécurité isolée» dans l’est du désert du Sinaï, à la frontière avec la bande de Gaza, dont beaucoup pensent qu’elle servira de zone tampon pour les Palestiniens déplacés.

«Les travaux de construction observés dans le Sinaï le long de la frontière avec Gaza – l’établissement d’un périmètre de sécurité renforcé autour d’une zone de terrain spécifique et ouverte – sont des signes sérieux que l’Égypte pourrait se préparer à accepter et à permettre le déplacement des habitants de Gaza vers le Sinaï, en coordination avec Israël et les États-Unis».3

Il convient de noter qu’en acceptant le prêt de 10 milliards de dollars du FMI, al-Sissi a accepté de rattacher la monnaie égyptienne aux taux du marché noir, ce qui signifie que sa valeur sera réduite de moitié le jour où l’accord sera conclu. Les travailleurs égyptiens – dont la moitié vit déjà sous le seuil de pauvreté – seront gravement touchés par le plan de sauvetage, mais pas autant que les Palestiniens qui seront laissés à l’abandon dans des villes de tentes dans le désert.

Il semble également que le FMI continuera à faire miroiter le prêt (pot-de-vin ?) de 10 milliards de dollars sous le nez d’al-Sissi jusqu’à ce que les Palestiniens passent enfin en Égypte et que l’opération soit terminée. C’est ainsi que les oligarques occidentaux utilisent des institutions internationales comme le FMI pour contraindre leurs marionnettes à faire ce qu’ils veulent. Dans ce cas, ils avaient besoin d’un Judas malléable qui serait prêt à trahir ses compatriotes musulmans afin de remplir ses poches et celles de ses plus proches alliés. Ils ont apparemment trouvé leur homme en la personne d’al-Sissi.

Cela explique peut-être aussi pourquoi l’Égypte est en train de défricher une vaste bande de terre à deux pas de la frontière de Gaza. Le Caire prépare le terrain pour accueillir le flux croissant de réfugiés qui afflueront bientôt dans le pays. Ceci est tiré de Forbes :

«L’Égypte met en place un camp près de sa frontière avec Gaza pour faire face à un éventuel exode des Palestiniens de l’enclave si Israël lance une offensive terrestre sur Rafah, la région frontalière où se réfugie plus de la moitié de la population de Gaza, a rapporté Reuters. (…)

Citant quatre sources anonymes, Reuters rapporte que l’Égypte prépare une «zone désertique avec quelques installations de base» pour abriter les réfugiés potentiels en tant que «mesure temporaire et de précaution».

Le groupe de défense des droits de l’homme, la Fondation du Sinaï, a partagé des images des prétendus camps, montrant des camions et des grues en train de mettre en place une «zone de haute sécurité» entourée de clôtures en béton.

Le New York Times a corroboré ces images et s’est entretenu avec des entrepreneurs présents sur le site, qui ont déclaré avoir été engagés pour construire un mur de béton de 5 mètres de haut autour d’une parcelle de terrain de 5 kilomètres carrés située près de la frontière».4

Résumons :

1. Les chefs des services de renseignements israéliens, américains et égyptiens se sont réunis à Paris (OMI) pour mettre la dernière main à un plan d’expulsion des Palestiniens de Gaza.

2. Le Fonds monétaire international (FMI) est sur le point d’accorder à l’Égypte un prêt de 10 milliards de dollars pour «gérer un déluge potentiel de réfugiés palestiniens qu’Israël cherche à nettoyer ethniquement de Gaza». (The Cradle)

3. L’Égypte prépare une «zone désertique avec quelques installations de base» pour abriter les réfugiés potentiels dans un avenir proche.

4. Les forces de défense israéliennes ont poursuivi leurs frappes aériennes quotidiennes sur des sites civils à Rafah afin d’intensifier les sentiments d’anxiété et de panique qui contribueront à déclencher une ruée vers l’Égypte.

5. Les camions de nourriture sont empêchés d’entrer dans la bande de Gaza. Israël affame délibérément les Palestiniens pour qu’ils fuient leur patrie dès qu’il y aura une ouverture à la frontière.

Toutes ces mesures ne visent qu’un seul objectif : l’éradication complète de la population palestinienne. Aujourd’hui, après une campagne militaire sanglante de quatre mois, l’objectif d’Israël est clairement en vue.

Il faudra un effort monumental pour empêcher ce plan diabolique d’aller de l’avant.

Mike Whitney

Lien vers l’article original :

Egypt Sells Out Palestinians for $10 Billion Loan Package. Mike Whitney

L’article en anglais a été initialement publié sur le site The Unz Review.

Notes :

1.«Le FMI voit des progrès dans le programme de prêt de l’Égypte», Reuters

2.«Kristalina Georgieva déclare que le FMI est «très proche» d’un nouvel accord de prêt à l’Égypte», Financial Times

3.«Le FMI s’engage à soutenir l’Égypte alors que le pays se prépare à un déplacement massif des habitants de Gaza», The Cradle

4.«L’Égypte prépare des camps pour abriter les Palestiniens en fuite avant l’offensive israélienne sur Rafah, selon un rapport», Forbes

*

Michael Whitney est un analyste géopolitique et social de renom basé dans l’État de Washington. Il a commencé sa carrière en tant que citoyen-journaliste indépendant en 2002 avec un engagement pour un journalisme honnête, la justice sociale et la paix dans le monde.

Il est chercheur associé au Centre de recherche sur la mondialisation (CRG).